Etat des lieux de l’économie antillo-guyanaise post-covid
L’année 2020 a été marquée par le coup d’arrêt imposé à tous par la crise sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19. Une situation inédite pour nos territoires qui parviennent, une nouvelle fois, à faire preuve de résilience pour se relever.
Abattus mais loin d’être vaincus, la Guyane, la Guadeloupe et la Martinique s’appuient sur les fondamentaux de leur économie pour traverser la tempête en maintenant le cap.
L’économie aux Antilles-Guyane à la suite des confinements
En Guadeloupe, selon le partenariat CEROM1, la situation de confinement de la population a entraîné un net recul de l’activité économique estimé à -20 % par rapport à une situation dite « normale ».
Sur l’année 2020, l’impact est d’environ 3 points de PIB. Pour rappel, la croissance du PIB
de la Guadeloupe s’élevait à +0,6 % en volume en 2019, après +2,2 % en 2018.
L’économie martiniquaise a plié en 2020 sous l’impact de la crise sanitaire. Sans toutefois rompre. Au plus fort de la crise, qui coïncide avec le premier confinement (entre mars et juin 2020), la baisse d’activité serait d’au moins 20% et prélèverait au moins 3 points au produit intérieur brut de la région selon l’IEDOM.
Les fermetures des commerces dits essentiels ou non, couplées à la limitation des déplacements ont par ailleurs affecté la consommation des ménages de manière significative.
Et du côté de la Guyane, malgré la crise de la Covid-19, notons que les fondamentaux économiques du territoire, le soutien de l’État et notamment l’activité partielle et des banques, ont permis à l’activité et à l’emploi de se maintenir.
La Guyane reste un territoire en croissance démographique avec des besoins d’investissements structurants, et un emploi public important, ce qui tire l’économie et la rend résiliente face aux chocs exogènes.
1AFD, IEDOM et INSEE.
Sans surprise, le tourisme est le secteur le plus touché
Une partie de la consommation, moteur de l’économie, pourrait sans doute être rattrapée grâce aux ménages. Mais il n’en va pas de même pour les hôtels et les restaurants notamment.
En 2020, le secteur du tourisme en Martinique est particulièrement touché par les conséquences de la crise sanitaire.
Dans l’enquête de conjoncture de l’IEDOM, les professionnels de la filière décrivent une forte dégradation de l’activité, en raison des restrictions de déplacement à destination et en provenance de l’Hexagone comme de la fermeture des frontières internationales pendant les périodes de confinement.
Ainsi, le flux total de touristes vers la Martinique a chuté de 41,9 % par rapport à 2019, à 559.584 touristes (contre 963.894 en 2019) selon le Comité martiniquais du tourisme. En outre, la fréquentation de l’aéroport et les mouvements de vols ont reculé respectivement de 49,7 % et 44,3 % sur l’année.
De son côté les statistiques de ZILEA, le cluster du tourisme en Martinique, indiquaient au 31 août 2020 qu’il était question d’un recul de 53,19 % soit une perte de chiffre d’affaires qui avoisine les 57 millions d’euros.
En Guadeloupe, c’est le secteur du tourisme qui affiche les plus grandes pertes sur l’année. La perte de chiffre d’affaires est estimée à 50 % par les professionnels du secteur interrogés par l’IEDOM.
La propagation du virus au sein de plusieurs paquebots dès la mi-mars entraîne l’arrêt complet de l’activité. La fermeture des hôtels est imposée pendant plusieurs mois et les vols commerciaux sont en grande partie annulés.
En fin d’année, la Guadeloupe bien aidée par la promotion touristique connaît un regain relatif grâce à l’arrivée des touristes pour les fêtes. Néanmoins, la fréquentation aéroportuaire et le nombre de croisiéristes chutent de moitié en 2020.
L’aéroport Pôle Caraïbes enregistrait 2,5 millions de passagers contre 1,3 million en 2020, soit une baisse de 49 % liée à la crise sanitaire.
2021, une année dynamique ?
Toutefois, malgré le choc provoqué par la crise, le marché de l’emploi est préservé grâce aux mesures de soutien mises en place, notamment le chômage partiel.
En Guyane, afin de maintenir l’emploi, l’État a largement permis le recours au chômage partiel avec une prise en charge de 100 % dans certains secteurs (tourisme, hôtellerie, restauration).
Ainsi, entre mars 2020 et mars 2021 43,5 millions d’euros ont été versés à 2.864 entreprises.
Qu’en sera-t-il en 2021 ? A quoi peut-on s’attendre ? Les perspectives économiques devraient continuer à s’améliorer à un rythme soutenu en Guyane. A la suite du Plan d’Urgence de 2017, et au regard des besoins du territoire, les chantiers en cours ou à l’étude sont très nombreux.
Le plan de modernisation de la base spatiale 2020-2024 de 180 millions d’euros devrait contribuer à générer de l’activité. Tous ces projets créeront des opportunités mais aussi des tensions sur la capacité des entreprises à embaucher, à mobiliser les matières premières et sur les collectivités locales dans le cadre du suivi des chantiers.
Enfin, la croissance démographique, le maintien de l’emploi et la progression de l’épargne des ménages, devrait également soutenir l’activité du commerce, des services marchands, et relancer une partie du secteur du tourisme.
En Martinique, les ménages et les entreprises ont accumulé près d’un milliard d’euros supplémentaires en 2020 sur leurs comptes courants. Or, c’est essentiellement de l’utilisation, dans les mois à venir, de cette épargne et de cette trésorerie que dépendra la reprise économique sur le territoire.
Si l’épargne privée et celle des entreprises représente un ballon d’oxygène potentiel il serait plus difficile de faire des prédictions pour la Guadeloupe, à en croire les chefs d’entreprises Guadeloupéens interrogés par l’IEDOM.
Malgré tout, en dépit des nombreuses incertitudes qui demeurent, la levée des motifs impérieux le 9 juin devrait permettre au secteur du tourisme de rebondir. Autre bonne nouvelle pour l’économie guadeloupéenne, l’activité du secteur marchand devrait progresser de 4,8 % en 2021, après la contraction de 2020.