La CMA de Martinique offre un nouveau souffle à l’immobilier

Le 7 juin dernier, la chambre de métiers et de l’artisanat de Martinique (CMA) organisait une conférence à l’hôtel la Batelière sur le thème : « Comment le secteur du bâtiment peut-il rebondir avec les bailleurs sociaux ? » Réponses concrètes avec son président, Henri Salomon.

Alix Delmas

Le contexte économique dans lequel s'inscrit la CMA de Martinique

« Le marché des bailleurs sociaux sur les 10 années à venir est réel et stable. Ce sont des travaux susceptibles d’être réalisés par nos artisans qui œuvrent au dynamisme économique du territoire, assurent la relève, la transmission des savoir-faire et permettent aux jeunes martiniquais de vivre et travailler ici », note en préambule Henri Salomon. Des opportunités à saisir en restaurant la confiance et en apportant des réponses concrètes aux problématiques que connaissent les artisans, tel était l’objectif affiché de la conférence du 7 juin. Les ateliers de travail se poursuivent depuis la rentrée de septembre avec l’ensemble des partenaires mobilisés : bailleurs sociaux (Ozanam, Simar, Smhlm), caisse BTPR*, CGSS* et DRFIP*. 

La CMA propose des réponses concrètes

« Un travail a déjà été effectué avec une nouvelle grille du coût de la construction rehaussée de 17,3 %. Pour les entreprises en retard sur leur règlement de charges sociales, nous avons demandé à la CGSS et à la DRFIP d’être présentes pour trouver des solutions telles que la mise en place d’un moratoire pour des remboursements étalés. Ainsi ces dernières peuvent disposer d’attestations sociales et fiscales pour répondre aux appels d’offres. Concernant les délais de paiement qui impactent la trésorerie des entreprises, la Collectivité a pris l’engagement de débloquer 40 millions de factures en retard et de faire des propositions de travaux à court, moyen et long terme. Le service CMA Formation et le service développement et animation économique (SDAE) sont pleinement mobilisés sur l’accompagnement numérique car la plupart des marchés se font aujourd’hui sur plateforme digitale ainsi que sur l’obtention des qualifications RGE (Reconnu garant de l’environnement), QualiBat et des formations amiante », poursuit Henri Salomon.

La CMA en privilégiant les atouts et la proximité des entreprises artisanales martiniquaises, défend plus largement un plan de développement du secteur du bâtiment avec l’aide de la Collectivité territoriale et de l’État où notamment la question de l’apurement des dettes se pose pour redynamiser le secteur. Ce plan doit également s’accompagner d’une nouvelle stratégie pour la formation des jeunes : « nous avons besoin d’eux ici », insiste le président de la CMA. Un nouveau souffle porté par les artisans du bâtiment martiniquais, garants du savoir-faire, de la qualité et de la bonne exécution des travaux sur le territoire.

* Caisse BTPR : Association de retraite et de prévoyance du bâtiment et des travaux publics des Antilles et de la Guyane
* CGSS : Caisse générale de sécurité sociale
* DRFIP : Direction régionale et interrégionale des finances publiques

LA CMA, EN QUELQUES CHIFFRES
13 000 entreprises artisanales inscrites à la CMA
45,1 % sont des entreprises d’artisanat du bâtiment
+ 17,3 % : revalorisation du coût de la construction
CMA de Martinique
Patrick Lecurieux-Durival, président de Ozanam - Credit Photo Ozaman

Interview : Patrick Lecurieux-Durival, président de Ozanam

Comment Ozanam a perçu cette invitation de la chambre des métiers et de l’artisanat ?

Très positivement, cette conférence a mis en avant le rôle significatif des bailleurs sociaux pour l’activité de la filière. Près de 150 millions sont investis, chaque année, par les 3 bailleurs historiques pour produire du logement, le réhabiliter ou l’entretenir. Cette rencontre correspond aussi au travail de rapprochement mené par Ozanam depuis 2 ans : des campagnes d’information régulières sont réalisées pour faire connaître notre commande et donner de la visibilité sur notre programmation annuelle de travaux.

Quelles sont les problématiques et qu’avez-vous retenu de ces échanges ?

Ozanam a déjà renoncé à la réalisation de travaux en raison d’appels d’offres infructueux. La relance des appels d’offres, pour diverses raisons, impacte les délais de réalisations pour nos clients ou pour les 12 000 demandeurs de logements en attente. Le tissu local est constitué de petites entreprises, difficile à identifier et qui, sans ingénierie dédiée, rencontrent des difficultés à répondre aux consultations formalisées (en raison parfois des justificatifs sociaux et fiscaux à fournir). Nous voulons inciter les entrepreneurs à répondre à nos consultations. Nous avons mis en place des cadres de réponses simplifiées et amélioré nos délais de paiement, par exemple.

Quel message pour le secteur ?

Avant tout un message d’information sur notre carnet de commande disponible en ligne. Des précisions sur nos types de travaux, il n’y a pas que la construction de logement :  il y a les travaux de remise en état, d’accessibilité ou de développement durable. Ozanam produit en moyenne 150 logements par an, en reloue entre 500 et 600, et gère plus de 13 000 lots. Nous travaillons avec près de 400 entreprises, 75 % sont des TPE !

Des pistes pour l’avenir ?

Un défi, celui de revaloriser les métiers du bâtiment : il manque des carreleurs, des couvreurs, des plombiers, etc. Ces métiers sont incontournables pour réaliser le premier élément de sécurisation et d’épanouissement de l’humain : le logement. Filiale du groupe Action Logement, nous avons à déployer un plan ambitieux d’économie d’énergie et de décarbonation : nous avons besoin des entreprises pour aller vers cette modernité et produire le logement de demain. Les enjeux sont colossaux surtout en matière d’éco-conception et de mutabilité du logement. Cette dynamique aura aussi un effet systémique d’importance pour l’économie et pour l’emploi.

CMA de Martinique
Chambre de Métiers et de l’Artisanat de Martinique
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