Terciel, l’aéroport flottant du futur
Désirant « accompagner l’aviation vers plus d’écologie », Hervé Thomas, fondateur de Terciel, a conçu un aéroport flottant nouvelle génération destiné aux hydravions.
Désirant « accompagner l’aviation vers plus d’écologie », Hervé Thomas, fondateur de Terciel, a conçu un aéroport flottant nouvelle génération destiné aux hydravions.
Par Anne-Claire Pophillat Photos Nicolas Petit / Hans Lucas
Avec l’hydravion, fini les trajets interminables pour se rendre à un aéroport puis en ville. Aux États-Unis, par exemple, la compagnie Tailwind connecte directement le centre de Boston à Manhattan, offrant « un gain de temps considérable », note Hervé Thomas, fondateur de Terciel. Surtout, l’aéronef permet de désenclaver des sites isolés ou peu accessibles et de relier les myriades d’îles situées aux quatre coins des océans, à l’image de ce qui existe aux Maldives, « le trafic le plus développé du moment au monde ». L’hydravion présente une capacité d’une vingtaine de places — que les constructeurs prévoient d’étendre à 50 voire 100 places — et peut voler jusqu’à 1 500 km à une vitesse d’environ 350 km/h, précise l’expert du milieu aéronautique et maritime. En pleine croissance, ce mode de déplacement représente un des axes d’avenir de l’aérien. « Il y avait un besoin d’accompagner le secteur vers plus d’écologie. C’est comme ça qu’est née l’idée d’aéroport sur l’eau. Son empreinte environnementale est plus faible que celle de son équivalent terrestre », raconte l’ancien contrôleur aérien, dont le concept a mûri pendant la crise sanitaire.
Un procédé inédit
Le but de la structure flottante : « organiser et sécuriser les vols opérés en hydravion et en navire volant par effet de sol à basse altitude au-dessus de l’eau », détaille Hervé Thomas. L’entreprise s’attachera à favoriser les compagnies « plus vertes », attentives aux économies de carburant et dont la « volonté est d’intégrer de l’électrique ». La taille et le fonctionnement seront comparables à ceux d’un petit aéroport régional, avec réception des passagers, enregistrement au comptoir, services de bagages, de la circulation aérienne, de pompiers ou encore commerciaux. Le projet est clé en main. Terciel se charge de tout : études de faisabilité, construction, aménagement de la tour de contrôle ainsi que d’une piste d’amerrissage matérialisée par des drones flottants, un procédé inédit en cours d’élaboration avec un partenaire malais, Pen Aviation, situé à Kuala Lumpur. « Les drones bougent en fonction du vent et se repositionnent pour former la piste afin d’être toujours face au vent. En cas d’accident, ils sont capables de se déplacer et de servir de bouées aux passagers en attendant les secours. » Terciel apporte également les informations nécessaires au pilote pour assurer ses manœuvres, autrement plus délicates que sur un terrain d’atterrissage au sol, car la piste est en mouvement. Plusieurs paramètres doivent être pris en considération. « Les drones fournissent la force et la direction du vent, la hauteur de la houle, le courant, la météo air et mer. » Cette piste, qui doit être brevetée dans les prochains jours, est « une première mondiale », s’enthousiasme Hervé Thomas.
S’implanter en Asie
Le marché potentiel, vaste, est particulièrement porteur en Asie-Pacifique, où la société, désormais davantage connue au-delà du lagon calédonien, a pu prospecter grâce à Business France. Terciel a déjà un pied en Arabie Saoudite, et intéresse aussi différents acteurs au Cambodge, en Thaïlande, en Malaisie, en Indonésie et à Fidji. « Ils nous ont sollicités pour notre expertise. » Autant de clients potentiels pour les aéroports flottants imaginés par Hervé Thomas, dont ce n’est pas la première invention. En 2017 déjà, il créait une tour de contrôle modulaire « transportable, durable, autonome en énergie et 100 % recyclable ». Pendant tout son parcours, Terciel, membre de la French Tech, a été suivie par l’Adecal Technopole et a profité de dispositifs dédiés à l’Outre-mer. « Contrairement à certaines idées reçues, venir de Nouvelle-Calédonie est un atout parce qu’on bénéficie d’une émulation liée à la connexion entre les start-up et l’écosystème ultramarin, ce qui fait du territoire une belle terre d’innovation. »
Retrouvez cet article dans le hors-série Outre-mer Innovation.