Structurer l’industrie martiniquaise pour un développement durable

Charles Larcher, président de l’AMPI © Jean-Albert Coopmann
Thomas Thurar et Mathieu Rached

La production industrielle locale peut-elle mieux conquérir le marché local et régional ? Le président de l’AMPI (l’Association martiniquaise pour la promotion de l’industrie), Charles Larcher, en a fait sa feuille de route pour 2025. Rencontre.

En 2024, un certain élan laissait entrevoir des perspectives intéressantes, avant d’être stoppé net par la crise sociale liée à la vie chère. En tant que président de l’AMPI, comment envisagez-vous le début de cette année 2025 ?

Charles Larcher : Nous n’avons pas d’autre choix que de travailler à une structuration améliorée de notre industrie martiniquaise. Pour cela, je souhaite trouver les moyens de construire un schéma territorial pour le développement de l’industrie locale à horizon 2050.

Avant la crise, Serge Letchimy, le président du Conseil exécutif de la Collectivité territoriale de la Martinique, avait validé le fait que nous puissions travailler, élus et industriels, sur ce projet ambitieux.

De mon point de vue, un schéma territorial doit s’imaginer avec le concours de la CTM et les industriels qui peuvent mettre en place des investissements, soit en développant des activités existantes soit par la création de nouvelles activités. En 2025, on appelle donc industriels, élus et consommateurs à plus de production locale.

« Un pays qui a une industrie forte, c’est un pays qui se porte bien »

Charles Larcher, président de l’AMPI (l’Association martiniquaise pour la promotion de l’industrie)

Cela passera-t-il justement par une visibilité accrue de la politique industrielle locale ?

Aujourd’hui nous avons trop de produits importés, dans l’alimentation, dans la construction, dans les équipements de la maison… Or, nos industriels sont capables de mieux répondre aux attentes des Martiniquais et de nos territoires. Le challenge est donc d’accélérer leur développement et leur structuration !

Précisément, quelles actions vous semblent prioritaires ?

Nous devons avant toute chose, capter davantage notre marché intérieur.  L’enjeu, à mon sens, est de renforcer la confiance des clients, tant professionnels que particuliers, dans la qualité de nos produits fabriqués localement. Il faut également améliorer la fluidité logistique et fiscale entre les différents territoires de nos marchés.

L’intégration de la Martinique dans la CARICOM doit, par exemple, créer des opportunités pour des importations de matières premières et des exportations de produits finis. Cela sera possible sur le long terme grâce au maintien des dispositifs en faveur des industries basées en Outre-Mer.

Des labels tels que Cœur Martinique peuvent-ils suffire pour donner l’envie de consommer local ?

C’est important que nos productions soient clairement identifiables mais ça ne suffira pas, en effet. On a pour projet en 2025 de mieux expliquer qui nous sommes, ce que nous faisons dans nos usines, qui travaillent dans nos entreprises…

Chacun doit comprendre que l’enjeu du développement de la production industrielle, c’est en réalité l’enjeu du développement de la Martinique, les deux sont liés. Un pays qui a une industrie forte, structurée, performante avec des emplois hautement qualifiés, c’est un pays qui se porte bien, avec un écosystème créateur de richesse.