« La crise fait partie de notre ADN », RSMA Martinique
En temps normal, les ressources du RSMA sont concentrées sur la formation et l’insertion des jeunes de 16 à 25 ans. Comment se réorganise le régiment par temps de crise Covid-19 ?
« Nous sommes en guerre ». Le choix des mots n’aura laissé personne indifférent, jusque sur le terrain où, suite au discours du président de la République le 18 mars, les services de santé des armées étaient mobilisés dans l’est de la France afin de soulager des hôpitaux aux capacités d’accueil saturées.
Comment l’annonce du confinement, puis la mobilisation des Armées ont-elles été perçues ici, au sein du RSMA, régiment dédié à la formation et l’insertion professionnelle ? Face à cette situation exceptionnelle comment s’organise le confinement sur la base de Basse Gondeau ? Et quelles missions le RSMA se tient-il prêt à conduire si l’épidémie devait s’aggraver en Martinique ?
Rencontre en visioconférence avec Frédéric Aubanel, chef de corps du RSMA Martinique.
Suite à l’entrée en confinement, quelles directives avez-vous reçu de la part de votre ministère de tutelle ?
Frédéric Aubanel, chef de corps : (sourire) Nous n’avons pas reçu de directives à proprement parler, en réalité nos missions sont les mêmes qu’avant la crise sanitaire actuelle…
Le RSMA a la particularité de répondre à une double tutelle et donc une double mission.
- Sous la tutelle du ministère des Outre-mer, le régiment remplit sa mission de formation. Cette activité a été bien entendu suspendue et les volontaires stagiaires renvoyés chez eux pour la durée du confinement.
- Sous la tutelle du ministère des armées, le régiment répond à une mission d’appui de service public pour la population martiniquaise.
Depuis l’annonce de confinement, nous sommes exclusivement concentrés sur ce volet d’appui aux services de l’État.
C’est-à-dire ? Quels types de missions pouvez-vous vous voir confier ?
Ce sont les mêmes pour tous les RSMA présents dans les Outre-mer, il s’agit de missions de transport, d’information et protection des populations, de traduction (comme auprès de certaines populations en Guyane, par exemple), et de mise en place des dispositifs du plan cyclone-catastrophe naturelle.
Ces missions sont réalisées, dans le cadre de l’opération Résilience, uniquement sous les ordres du Commandant Supérieur des Forces Armées aux Antilles, lui-même répondant aux besoins éventuels du préfet.
Dans ce cadre, comment le RSMA s’est-il réorganisé ?
« Notre organisation n’a pas radicalement changé car, comme tout régiment de l’armée de Terre, le RSMA est précisément organisé pour des temps de crise. »
C’est un mode de fonctionnement propre aux Armées, la gestion de crise est notre ADN : nous sommes formés et organisés pour ça, avec des process clairs, une chaîne de commandement, etc.
Autrement dit, les choses se sont mises en place comme prévu.
« Comme prévu », c’est-à-dire ?
Une partie de notre effectif continue de remplir les missions de base propres à la vie du régiment, en matière d’alimentation, de sécurité, d’administration, de ressources humaines…
Nous avons constitué une unité d’alerte « deux heures » avec 70 personnes basées au régiment, capables d’être mobilisées et opérationnelles sur n’importe quel site du territoire dans les 2 heures qui suivent un appel d’opération d’appui.
Une unité d’alerte « six heures » compte également 70 personnes, confinées à leur domicile.
Elles sont confinées comme tout le monde ?
(sourire) Comme tout le monde, absolument. Nous sommes prêts à intervenir mais nous sommes soumis aux mêmes contraintes de confinement et de distanciation sociale que tous les Martiniquais.
Vous avez eu des cas de Covid-19 ?
Aucun à ce jour (15 avril 2020).
La situation et les consignes renforcées d’hygiène ont dû exiger des aménagements de la vie quotidienne au Régiment ?
Nous nous sommes adaptés pour appliquer avec rigueur les consignes sanitaires. Les réunions n’ont plus lieu dans mon bureau mais à l’extérieur, debout à une distance de sécurité les uns des autres.
Les plages horaires des repas ont été allongées pour étaler l’afflux de personnes et la salle du restaurant a été réaménagée pour maintenir la distance suffisante entre nous. De même, les bacs de couverts ont été remplacés par des couverts jetables en sachet individuel afin d’éviter les manipulations.
Évidemment, le foyer a également été fermé, les rassemblements sont interdits et toute personne présentant un symptôme est immédiatement orientée vers le service médical.
Vous êtes serein vis-à-vis de la situation que nous vivons ?
(sourire) Je ne saurais vous répondre sur une impression… Je comprends votre question, la situation est exceptionnelle à l’échelle du territoire, des soignants, de toutes les entreprises, mais elle ne peut pas l’être pour nous.
Le régiment est dans son rôle, nous sommes prêts. Prêts pour notre mission au service du public pendant la crise, et prêts pour notre mission au service des jeunes en formation et des chefs d’entreprise une fois la levée du confinement.
RSMA Martinique www.rsma-martinique.com |
Cet article a été initialement publié dans l’e-magazine « Les territoires se mobilisent » créé par EWAG. Découvrez le magazine complet et son contenu interactif en cliquant ici.