RSMA : Transformer les jeunes par l’engagement 

Colonel Laurent Nobel - Credit Photo Lou Denim
Sarah Balay

Le service militaire adapté (SMA) s’adresse aux jeunes des Outre-Mer en difficultés et éloignés de l’emploi. La plus-value du RSMA de la Guadeloupe ? Proposer aux jeunes (1) des formations dans un environnement militaire pour multiplier les chances d’une insertion professionnelle réussie.

Texte Sarah Balay – Photo Lou Denim

Bio Express
Militaire depuis 27 ans, le colonel Laurent Nobel a pris le commandement du régiment du service militaire adapté (RSMA) de la Guadeloupe en juillet 2023. Il est aussi le commandant d’armes de la Guadeloupe. Issu de l’infanterie de marine, il a été régulièrement déployé en Outre-Mer et à l’étranger et connaît déjà les Antilles pour avoir servi en Martinique de 2007 à 2009. Avant de diriger le RSMA de Guadeloupe, il était professeur à  l’école de Guerre-Terre  à Paris, chargé de former les officiers supérieurs français de l’armée de Terre.

Le régiment du service militaire adapté (RSMA) existe depuis plus de 60 ans en Outre-Mer. À qui s’adresse-t-il ?

Colonel Laurent Nobel, chef de corps du RSMA de Guadeloupe : Contrairement aux idées reçues, nous ne sommes pas un centre de recrutement pour les armées. Notre mission est de participer au développement économique. Le RSMA s’adresse aux jeunes adultes, hommes et femmes, entre 18 et 25 ans, qui rencontrent des difficultés d’insertion professionnelle ou sociale. Ils sont en échec scolaire, éloignés du monde du travail et parfois en rupture familiale. Ces jeunes, sans qualification, peuvent devenir volontaires stagiaires et se lancer dans une de nos formations professionnelles* durant 6 mois à un an. Nous recrutons également des volontaires techniciens (jusqu’à 5 ans) qui, eux, ont déjà un diplôme. Ils deviennent moniteurs, en appui de nos formateurs, et viennent surtout chercher une première expérience professionnelle.

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Se former dans un environnement militaire, en quoi est-ce pertinent ?

Le fait d’inculquer des valeurs humaines, militaires et civiques, fait toute la différence et explique notre fort taux d’insertion professionnelle (85 %). Les employeurs, avec qui nous échangeons, savent que nos stagiaires sont fiables. En intégrant le RSMA, ils apprennent des règles simples, mais qui ne sont plus innées : être à l’heure, respecter les camarades, les consignes, son supérieur et travailler en sécurité. Au RSMA, ces jeunes sont logés, nourris, formés, et touchent une indemnité mensuelle. Ils ont aussi la possibilité de passer leur permis de conduire, bénéficient d’une aide à l’insertion et d’un suivi pendant six mois. Des cours de remise à niveau sont à leur disposition, tout comme des séances avec un psychologue. Tout est fait pour leur offrir un tremplin vers un emploi durable.

Aux Antilles, le recrutement est difficile. Pourquoi ? Quelle est votre stratégie pour inverser la tendance ?

Nous comptons une moyenne de 550 volontaires stagiaires par an, de quoi atteindre tout juste l’objectif. Les difficultés de recrutement s’expliquent entre autres par le vieillissement de la population et un certain désenchantement de la jeunesse qui a du mal à se projeter et surtout à croire en son territoire, alors qu’il y a du travail ici ! Pour nous faire connaître, nous organisons des journées portes ouvertes (les 25 et 26 mai), des campagnes d’affichage, des forums, des missions de recrutement et des cérémonies dans toutes les communes. Nous travaillons aussi en synergie avec nos partenaires comme France Travail, la mission locale, Ladom (agence de l’Outre-Mer pour la mobilité), l’UDE-MEDEF (premier réseau d’entrepreneurs) pour mobiliser de futurs candidats. En 2026, une crèche verra le jour sur le camp afin d’encourager les jeunes mamans à nous rejoindre.

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La fondation du service militaire adapté vient d’être créée. À quoi sert-elle ?

L’idée générale est de prolonger l’œuvre du RSMA en accompagnant, via des fonds privés, des jeunes à la sortie du régiment qui ont un projet professionnel et un dossier solide. La fondation peut leur financer une nouvelle formation, y compris en métropole, un moyen de locomotion ou encore un lancement d’activité.

(1) de Guadeloupe et des îles du Nord

(2) 27 métiers répartis en 8 pôles de formation : métiers de la terre ; métiers de bouche ; BTP ; commerce et tourisme ; conduite, entretien automobile et logistique; administration et numérique ; services à la personne ; découverte et management.

RSMA Guadeloupe
Camp de la Jaille
Z.I Jarry
97 122 Baie-Mahault
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