Rêves de JO

Marie-Louisa Drouode © Jude Foulard|Noah Martial © Jude Foulard
Anne-Laure Labenne

Elles s’imaginent avec l’or olympique autour du cou. Un jour, qui sait. À Los Angeles, en 2028, ou à Brisbane, en 2032. Toutes sont portées par les grands noms de leur discipline qui ont marqué l’histoire : Allyson Felix, Grégory Baugé ou encore Kaylee McKeown.

Par Anne-Laure-Labenne – Photo Jude Foulard

À l’aube de ses 18 ans, Marie-Louisa Drouode fait partie de celles que l’on surnomme “pépite”. La Guadeloupéenne, nouvelle étoile du cyclisme sur piste, se verrait bien revêtir la tenue tricolore chez nos “voisins californiens”, dans cinq ans. « Je rêve d’aller le plus loin possible, jusqu’à ce que mon corps n’en puisse plus. Je fais de la route depuis neuf ans et de la piste depuis trois ans. Je suis puissante. Et lourde ! Dans les mornes, j’ai du mal à grimper »,
rigole-t-elle. Mais avant d’en arriver là, la double médaillée au championnat de France sur piste
2022 (1) tentera de décrocher son premier titre européen, fin juillet, à l’occasion des championnats junior, à Anadia (Portugal). « Je veux le podium. La première place. Je fais tout pour y arriver avec des entraînements réguliers et des stages avec le pôle ultramarin, à Hyères. Nous sommes trois filles en équipe de France relève. L’objectif, c’est clairement d’y rester jusqu’aux mondiaux de 2024 puis jusqu’aux JO de 2028. »

Noah Martial © Jude Foulard
Noah Martial © Jude Foulard

 « Se challenger »

Sur l’île sœur, Noah Martial, 17 ans également, caracole, elle aussi, en tête des classements. Revenue des derniers Carifta Games, aux Bahamas, avec quatre médailles de bronze et une d’argent autour du cou, la nageuse licenciée au François natation club, ne cache pas ses ambitions de performance. « Je veux m’entraîner plus et intégrer une structure adaptée qui me permettra de baisser mes chronos (2) pour espérer intégrer l’équipe de France. On va commencer par les championnats de France open cet été (18 au 23 juillet, à Poitiers), avant de parler des échéances internationales. » Plutôt réaliste, Noah — qui a commencé la natation à
3 ans, poussée par sa mère — souhaite davantage se confronter au haut niveau. « Aux Carifta, j’ai vu beaucoup de concurrence. Ça fait du bien de se challenger, car ici je connais déjà tous les nageurs et leurs techniques. Je visais l’or mais je suis malgré tout satisfaite. »

Pour les jeunes pousses antillo-guyanaises, les Carifta, c’est l’antichambre du niveau international. L’athlète Myrlia Matoute est plutôt bien placée pour le savoir. « On ne va pas se mentir, je savais que je n’accèderais pas aux finales. Mais j’étais confiante pour les séries et ça m’a fait quelque chose d’être en demi-finale. Je reviendrai plus forte l’an prochain. Tant que je peux aller plus loin et plus haut, je continue.  » Détentrice du record de Guyane du 120 m, en 14’’46, l’athlète de Rémire-Montjoly, 14 ans, ambitionne désormais de faire tomber le record de France sur 80 m (9’’78) (3).

Sans le soutien indéfectible de leurs proches, les trois jeunes filles concèdent que leur rêve de haut niveau sera difficilement atteignable. « Quand toute ma famille est là, derrière moi, je me sens portée », explique Noah. Toutes jonglent entre leurs cinq entraînements hebdomadaires et leurs cours. Un rythme qu’elles acceptent sans sourciller. « Il faut se faire confiance, se forger un mental et le travail paie  », abonde Myrlia. Une règle d’or pour un objectif commun : se parer du plus précieux métal.

(1) Vice-championne de France junior du 500 m et 3e du keirin.
(2) 1’05’’ sur 100 m dos et 2’27’’ sur 200 m.
(3) Actuellement de 9’’71.


Retrouvez cet article dans le hors-série D’entrée de jeux, édition 2023