Renforcer la production locale pour une Guadeloupe autosuffisante

En facilitant l’accès au foncier agricole, en améliorant le réseau d’irrigation et en soutenant les filières, la collectivité départementale intensifie son engagement pour une production locale plus forte et autonome. Son président, Guy Losbar, porte cette vision d’une Guadeloupe tournée vers l’autosuffisance alimentaire.

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Redaction

Quels sont les principaux dispositifs de soutien financier et technique que le conseil départemental met en place pour accompagner la production locale ?

Guy Losbar, président du conseil départemental : Sous la responsabilité de Blaise Mornal, président de la commission agriculture et de Ferdy Louisy, président de la commission eau, le Département fournit aux agriculteurs ce qui leur est absolument indispensable : la terre et l’eau. Près de 500 d’entre eux sont actuellement installés sur le foncier de la collectivité pour qu’ils contribuent activement à améliorer l’autosuffisance alimentaire de l’archipel. Un audit généralisé des terres du Département a été lancé pour identifier de nouvelles parcelles pour nos agriculteurs. Le Département œuvre aussi avec ses partenaires à la remise en culture des terres agricoles en friche, tous propriétaires (publics et privés) et exploitants confondus.

La collectivité apporte également l’eau agricole à 3 500 abonnés à travers un vaste réseau de plus de 630 km. Ce dernier doit aujourd’hui connaître une évolution pour répondre à notre ambition. C’est tout l’enjeu des rencontres qui vont se tenir dans les prochaines semaines avec les filières agricoles de l’archipel pour convenir d’un plan de développement concerté tenant mieux compte de leurs besoins.

Quelles sont les priorités d’investissement pour soutenir la production locale en Guadeloupe ? Existe-t-il des priorités en termes de filières ?

Toutes les filières sont prioritaires, car l’autosuffisance est envisageable pour plusieurs productions si nous nous en donnons les moyens. Mais il faut surtout identifier les besoins des guadeloupéens et arrêter une stratégie beaucoup plus collective de développement agricole pour y répondre.

production locale

Comment le conseil départemental collabore-t-il avec d’autres institutions pour maximiser l’efficacité des aides financières et techniques ?

Les partenariats et les mutualisations sont déterminants si l’on veut réellement accompagner nos agriculteurs et avancer ensemble vers une Guadeloupe plus autosuffisante. Par exemple, chaque année, ce sont ainsi 410 000 euros qui sont versés à la chambre d’agriculture pour l’accompagnement technique et financier des agriculteurs et des filières. À travers une subvention annuelle de 40 000 euros, nous soutenons « Sélection créole » pour la préservation de la race bovine créole. Avec Sanigwa(1), qui reçoit une contribution de 50 000 euros par an, le Département participe à la protection sanitaire de notre cheptel.

Concernant la filière canne, il faut retenir le fort engagement du Département avec une aide de 250 000 € aux planteurs pour améliorer leurs revenus au titre de la campagne 2024, le cofinancement de 850 000 € des trois bassins d’irrigation de la SRMG(2), de Marie-Galante et la prise en charge d’une large campagne de dératisation qui concernera plus de 10 000 hab.

Quelles initiatives sont mises en œuvre pour améliorer la formation des producteurs locaux, notamment les jeunes agriculteurs ?

Le Département n’est pas directement compétent en matière de formation des agriculteurs, mais à travers les soutiens financiers à la chambre d’agriculture et aux différentes filières, il y contribue. Par ailleurs, les allocataires du RSA (revenu de solidarité active) qui souhaitent devenir agriculteur peuvent bénéficier des aides à la formation de la collectivité (jusqu’à 10 000 euros par demande).

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Quelle est la vision du conseil départemental pour atteindre une souveraineté alimentaire en Guadeloupe ?  Le sujet est récurrent depuis des années, où en sommes-nous concrètement : la production locale se porte-t-elle mieux qu’il y a 10 ans ? Quels exemples permettent de s’en rendre compte ?

Notre approche est très pragmatique pour atteindre l’autosuffisance sur des productions à notre portée. Comme rappelé précédemment, la collectivité agit principalement sur trois leviers : l’augmentation des surfaces agricoles mobilisées pour la production locale, le développement du réseau d’irrigation et le soutien aux filières.

Il apparaît clairement que la production locale n’est pas encore au niveau où nous souhaiterions qu’elle soit. Elle n’affiche pas non plus des prix qui pourraient contribuer à la réduction de la cherté de la vie et donc à une plus grande consommation des productions de nos agriculteurs.

Mais nous sommes convaincus que la Guadeloupe dispose de toutes les richesses nécessaires pour augmenter son agriculture. Un rapport de 2021 du CIRAD(3) indique d’ailleurs qu’en mobilisant environ 1 000 hectares de foncier agricole supplémentaire, de nombreuses importations peuvent être remplacées par de la production locale.

Donc, les agriculteurs doivent continuer à croire en leur beau métier, d’être innovants. Je veux leur dire qu’un meilleur revenu est possible pour eux, que nous avons besoin de leurs propositions pour mieux structurer notre agriculture et ainsi répondre aux attentes de nos compatriotes.

Quelles collaborations sont envisagées avec d’autres acteurs locaux pour développer une chaîne d’approvisionnement plus autonome et durable ?

C’est un enjeu considérable à la fois pour les guadeloupéens, la structuration des filières agricoles, la restauration collective, l’agro-transformation… Toute l’action du Département est déjà directement axée sur cet objectif cardinal. La collectivité étudie actuellement des partenariats renforcés, notamment avec la chambre d’agriculture, l’Iguavie(4), l’Iguaflhor(5) pour aller encore plus loin dans les politiques que nous mettons actuellement en œuvre.  Et je n’oublie pas les responsables des GMS (grandes et moyennes surfaces) qui doivent, eux aussi, agir sur leurs marges à la fois pour favoriser nos filières locales et réduire les prix.

Quel est le principal levier qui, d’après vous, permettrait de stimuler encore davantage la production locale : financier ? Formation et savoir-faire ? Logistique et distribution ? Sensibilisation du public ?

Il faut tout cela à la fois car l’autosuffisance ne se décrète pas. Il faut s’entendre sur une démarche concrète et y mettre les moyens financiers, humains, techniques. C’est une préoccupation quotidienne pour moi, le Département est totalement engagé sur ce chemin.

Mais il faut aussi une plus importante prise de conscience des guadeloupéens sur la nécessité de penser et agir Guadeloupe pour leur santé et pour notre belle agriculture locale.

(1) SRMG : Sucrerie Rhumerie de Marie-Galante
(2) SANIGWA : Association pour la protection sanitaire des élevages de Gwadloup
(3) CIRAD : centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement.
(4) Iguavie : interprofession guadeloupéenne de la viande et de l’élevage.
(5) Iguaflhor : interprofession guadeloupéenne des fruits et légumes et de l’horticulture.
Le rendez-vous « De la Terre à l’Assiette » du 28 novembre au 2 décembre veut promouvoir une consommation responsable en valorisant les produits locaux

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