Petit-Bourg à l’épreuve des défis environnementaux
Pour les territoires insulaires de l’arc antillais, les manifestations les plus prégnantes du réchauffement climatique sont l’érosion du littoral et les échouements massifs d’algues sargasses. David Nébor, maire de Petit-Bourg, nous explique comment la municipalité fait face à ces défis contemporains.
Texte Floriane Jean-Gilles – Photo Lou Denim
L’un des enjeux de la problématique de l’érosion du littoral est le relogement des habitants, quelles stratégies sont mises en place ?
En 2011, nous avons lancé une analyse complète du littoral de Petit-Bourg (secteurs de Bel-Air et Bovis) afin de traiter le sujet de façon globale, d’identifier les risques et d’assurer la mise en sûreté des habitants. Cette étude a permis de classer les logements par catégorie, en fonction du niveau de dangerosité. Auparavant, nous traitions ce problème dans l’urgence et au cas par cas ; il était aussi question de reloger les familles dans des logements sociaux. Aujourd’hui, les personnes délogées ont la possibilité d’accéder à la propriété pour sortir de la précarité. En effet, les familles qui occupent la zone des 50 pas géométriques sont propriétaires du bâti, mais pas du foncier.
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La ville a été soupçonnée de simplement vouloir récupérer les terrains occupés, comment avez-vous réussi à regagner la confiance des riverains ?
Cela a demandé beaucoup de temps. Puis, à force de pédagogie et de proximité, par le biais de rencontres sur le terrain et de réunions publiques, nous sommes parvenus à désamorcer les tensions, à faire taire les rumeurs et à convaincre qu’il ne s’agissait que d’intérêt public. Il faut aussi comprendre que ce dispositif a entraîné une grande souffrance. Certaines personnes sont nées là, y habitent depuis 70 ans, il y a un lien très fort. Il faut parfois plusieurs années d’échanges et d’accompagnement pour convaincre les gens de se reloger.
Qu’avez-vous prévu pour le réaménagement de cette zone des 50 pas géométriques ?
Il faudra tout d’abord démolir tous les bâtis inhabités. Notre volonté est ensuite de remettre cette zone à disposition des habitants en aménageant des espaces de loisirs, de parking ou de jardins partagés. Cela fera l’objet de concertations publiques. Toutefois, pour le moment, nous sommes obligés de suspendre l’avancée des opérations de conception d’aménagements puisque le Plan Prévention des Risques de la ville est en cours de révision : certaines zones du littoral, jugées trop dangereuses, seront définitivement interdites au public.
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Un vaste plan de lutte contre les sargasses à Petit-Bourg a été élaboré au début de votre mandature, où en sommes-nous aujourd’hui ?
Pendant des années, nous avons dépensé de l’argent pour de la collecte qui n’en était pas réellement. Aujourd’hui, la ville souhaite mettre en place des barrages en mer. Avec les 4 kilomètres de barrages déviants qui vont protéger le littoral d’Arnouville à Roujol, nous serons la première commune, en Guadeloupe, à expérimenter un dispositif d’une telle envergure. Nous étudions, actuellement, les appels d’offres pour le choix des engins qui permettront de collecter les sargasses en mer et ainsi d’éviter les échouements. L’État, la Région et le Département nous accompagnent dans cette démarche afin que la ville de Petit-Bourg devienne le modèle à développer sur d’autres territoires.
Vous êtes aussi directeur d’urbanisme, comment imaginez-vous la ville de Petit-Bourg en 2027 ?
La Ville de Petit-Bourg va poursuivre son développement économique. Aujourd’hui, l’enjeu est de répondre aux aspirations des populations historiques et nouvelles. Avec les partenaires institutionnels, et l’équipe municipale, l’objectif est de poursuivre l’aménagement du territoire. Cela passe par la réhabilitation des équipements sportifs (tels que les plateaux sportifs de Blonde et de Tivoli), la requalification du bourg et le développement d’équipements structurants et de proximité. L’accent sera aussi mis sur la lutte contre les dépôts sauvages de déchets. Petit-Bourg sera toujours une ville dynamique et attractive. Petit-Bourg est une ville qui bouge, c’est notre marque de fabrique !
Dispositif « érosion du littoral » Mise en place d’un dispositif PSLA* : les familles payent une redevance mensuelle allégée grâce à des aides de l’État mais également à la Ville, pendant 15 ans puis accèdent à la propriété en fin de phase locative. Le 1er programme, réceptionné en 2019, a permis de reloger 14 familles. Un 2e programme de 25 PSLA est en cours. Au total, sur 40 familles à reloger, 31 familles ont été mises en sécurité et 9 familles sont encore sur site et doivent être relogées. * Prêt social location-accession |
Mairie de Petit-Bourg
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