Parallel 14, l’animation 3D enseignée sur mesure
Quand une filière est inexistante, le premier pas à faire est celui de la formation afin de créer des compétences qui seront à même de la développer. Tel est le raisonnement qu’ont eu Yoanne Pavadé et Saïdou Bernabé, dans le secteur de l’animation 3D, en créant leur école Parallel 14.
Quand une filière est inexistante, le premier pas à faire est celui de la formation afin de créer des compétences qui seront à même de la développer. Tel est le raisonnement qu’ont eu Yoanne Pavadé et Saïdou Bernabé, dans le secteur de l’animation 3D, en créant leur école Parallel 14.
Par Yva Gelin – Photo Jean-Albert Coopman
BOUCLE BOUCLÉE
Les deux fondateurs ont tous deux débuté leurs études en Martinique, à l’IRAVM, actuel Campus Caribéen des Arts. Ils s’y croisent sans vraiment se fréquenter mais se passionnent chacun pour l’animation 3D. « C’est un nouveau monde, explique Saïdou Bernabé. La 3D, c’est la possibilité de créer ce qu’on veut avec simplement un ordinateur et de l’imagination. » Cependant, le futur binôme quitte le territoire, faute de cursus de formation. « Nous sommes rentrés en 2013 avec la volonté de contribuer à la structuration globale de la 3D et du jeu. » Désormais formés et expérimentés — participation aux films Le Hobbit, Moi, Moche et Méchant, The Dark Knight — Yoanne et Saïdou saisissent l’opportunité de développer, chez eux, ce qui leur avait manqué.
ÉCOLE START-UP
Parallel 14 compte, en moyenne, dix élèves par promotion. Un nombre limité qui permet de dispenser une formation de qualité. C’est également « proportionnel au territoire et nous en avons fait un avantage », précise le co-fondateur. Côté formateurs, ils sont une dizaine à animer des cursus, allant jusqu’au master, et incluant tous les métiers de la chaîne de fabrication de la 3D : le design, la modélisation 3D, le look development (l’aspect des matériaux et des textures), le rig (travail du squelette des personnages), l’animation des squelettes, la lumière, ou encore le compositing (pour tout ce qui concerne la profondeur de champ, ou le mélange avec les prises de vue réelles). « Dès le départ, nous avons fonctionné comme une start-up : nous avons commencé très vite pour nous améliorer au fur et à mesure. L’an prochain, nous aurons 10 ans et nous sommes prêts à passer à l’étape suivante. »
La 3D, c’est la possibilité de créer ce qu’on veut avec simplement un ordinateur et de l’imagination.
INDUSTRIE LOCALE
Avec un vivier de professionnels, l’idée est maintenant de développer une industrie à part entière. « Il y a la volonté de contribuer à la structuration d’une industrie de l’animation, des effets visuels et du jeu vidéo, dans le bassin caribéen. C’est notre fil conducteur. Il fallait commencer par former. On savait qu’on amenait quelque chose d’innovant sur le territoire. On ne peut pas avoir de vivier s’il n’y a pas de talents formés localement. À terme, nous pensons créer des studios ou en faire venir. Tout est envisageable ! » À la rentrée prochaine, Parallel 14 ouvrira ses portes en Guadeloupe puis, en 2025, en Guyane. Le souhait est qu’un maximum d’Antillais puissent intégrer la formation pour ensuite représenter « les couleurs de la Caraïbe à l’international ». « On espère qu’à travers notre pédagogie, nos élèves traduiront, en images, nos spécificités pour donner quelque chose de nouveau à voir au public. »
ADAPTIVE LEARNING
Les deux fondateurs souhaitent aussi personnaliser l’apprentissage en intégrant davantage la technologie au processus. La prochaine étape sera donc de donner accès, en passant par la réalité immersive, à des modules de formation qui permettraient à chacun de se former à son rythme et depuis le lieu de son choix. « Il faut être en permanence à la pointe de ce que nous faisons. L’adaptive learning permet de la flexibilité, une meilleure maîtrise du temps, tout en ayant accès à un contenu de qualité. La technologie permet d’aborder l’apprentissage différemment. »
Retrouvez cet article dans le hors-série Outre-mer Innovation.