Mélodie Philippon, sur quoi travaillez-vous ?
Réponses courtes et précises des jeunes chercheurs et docteurs de l’université des Antilles-Guyane. Texte Sarah Balay - Photo Lou Denim
Mélodie Philippon, aux origines de notre biodiversité insulaire. Quel est votre parcours universitaire ?
J’ai effectué toute ma scolarité en Bretagne et j’ai soutenu ma thèse de doctorat en géosciences au sein de l’UMR (unité mixte de recherche) Géosciences Rennes en 2010. Cette thèse portait sur la manière dont les roches de haute pression remontent à la surface de la terre le long des zones de subduction*. J’ai ensuite effectué un post-doctorat de deux ans, financé par une bourse Marie-Curie, dans les universités d’Utrecht aux Pays-Bas et de Florence en Italie. Pour ce contrat, j’ai travaillé sur la manière dont les failles du fossé Est-Africain qui séparent la Nubie de la Somalie se propagent et bougent depuis l’ouverture de ce fossé, berceau de l’humanité.
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Quelles sont les applications concrètes de votre étude ?
Mes recherches menées sur la partie nord de la subduction des Antilles au sens large (de Porto-Rico à la Martinique) ont permis de mieux comprendre la paléogéographie des Petites Antilles qui a en partie contrôlé les migrations des faunes et explique donc la biodiversité exceptionnelle actuelle observée sur nos îles de la Caraïbe. L’ANR (Agence nationale de la recherche) a, par exemple, financé nos recherches sur la paléogéographie suite à la découverte d’une dent fossile de rat géant (200 kg) sur l’île de Saint-Barthélemy. Originaire d’Amérique du Sud, l’ancêtre de l’animal ne pesait pas plus de 35 g. En raison des changements paléogéographiques (formation relief volcanique, émersion de terre), couplés aux variations du niveau marin, ce rat s’est retrouvé isolé sur les îles et grâce à des conditions favorables (environnement, ressources), est devenu géant avant de disparaître il y a 120 000 ans.
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Quelles sont les perspectives d’évolution selon vous Mélodie Philippon ?
Je viens d’obtenir 800 000 euros de financements nationaux et internationaux (ANR, agence nationale de la recherche française et NSERC, Natural Sciences and Engineering Research Council canadien) pour mon projet de recherche intitulé SUBUTTEC (Subduction* Triggered Terrestrial Evolution in the Caribbean) et continue dans ce cadre de mener des recherches sur la paléogéographie du sud des Petites Antilles en collaboration avec des phylogénistes** et des écologues spécialistes de la biodiversité insulaire caraïbe.
Que faites-vous aujourd’hui ?
J’ai intégré l’université des Antilles (UA) en 2014 où j’exerce en tant que maître de conférences en géosciences. J’étudie la paléogéographie des Petites Antilles, plus précisément la déformation et les failles de la zone de subduction.
*Subduction : processus d’enfoncement d’une plaque tectonique sous une autre plaque de densité plus faible.
**Phylogénie : Étude de l’évolution des êtres vivants afin de déterminer leurs liens de parenté.