Maybiotech, des antiparasitaires à base de plantes pour l’élevage
Née en 2020, Maybiotech met au point des médicaments locaux pour protéger les animaux d’élevage, grâce à des plantes médicinales. Prochaine étape espérée : la construction d’un laboratoire et d’une usine.
Née en 2020, Maybiotech met au point des médicaments locaux pour protéger les animaux d’élevage, grâce à des plantes médicinales. Prochaine étape espérée : la construction d’un laboratoire et d’une usine.
Par Jéromine Doux
Dans le jardin qui lui sert de « lieu d’expérimentation », Sittirati Mohamed cueille du gros thym. « Cette plante a des propriétés anticancéreuses, digestives et surtout antiparasitaires », indique la biologiste, qui en fait du jus, qu’elle déshydrate puis envoie dans un laboratoire. Il y a quatre ans, avec Mohamed Issouf, elle faisait le pari de créer une biotech sur son île natale, Mayotte. Ensemble, ils ont créé Maybiotech, une société de recherche spécialisée dans les solutions à base de plantes médicinales pour lutter contre les parasites dans l’élevage. Après un doctorat en sciences de la vie et de la santé, puis dix ans à travailler au sein de l’INRAE (1) sur de nouveaux médicaments antiparasitaires, Mohamed s’est associé à Sittirati. « J’avais envie de m’occuper des sujets en lien avec la santé animale. On souhaitait surtout valoriser notre territoire, tout en lui apportant un peu plus d’autonomie », souligne celui qui s’est réinstallé sur son île natale avant le début de la crise du covid-19.
Un contexte qui a mis en évidence la forte dépendance aux importations de l’île. « Ici, tout vient de l’extérieur. Au moment de la crise sanitaire, il nous manquait plein de produits. Ça a accéléré notre volonté de créer Maybiotech. » D’autant qu’aujourd’hui, les traitements contre les parasites en élevage seraient de moins en moins efficaces et auraient un impact important sur la biodiversité. « Il y a de plus en plus de résistances aux molécules que l’on trouve sur le marché », assure le cofondateur. Une véritable problématique pour les éleveurs qui voient une diminution de l’appétit chez leurs bêtes parasitées donc une perte de rendement.
Les deux entrepreneurs ont donc imaginé utiliser des plantes médicinales locales, en s’appuyant sur les pratiques de la médecine traditionnelle mahoraise, pour produire une alternative aux antiparasitaires en provenance des laboratoires traditionnels. « Nous nous sommes basés sur les connaissances de nos aînés et nous nous sommes concentrés sur une poignée de plantes. »
Maybiotech, en recherche d’investisseurs
D’ici quelques mois, l’ambition de la biotech est de sortir des laboratoires pour commercialiser son produit. En ciblant en premier lieu les éleveurs de volailles, de moutons et de chèvres et en visant l’international. « Le marché mahorais est trop petit. Il ne suffira pas à pérenniser la société. Nous visons les pays où il y a de grands élevages. » Comme l’Afrique du Sud, qui a une forte concentration d’ovins, ou la Tanzanie. « Nous avons aussi des partenariats académiques avec le Danemark », précise le dirigeant.
Pour poursuivre ses recherches et lancer la commercialisation de ses antiparasitaires, Maybiotech a toutefois besoin de financements, à hauteur de 5 millions d’euros. « Cela fait six mois que nous cherchons des fonds. Nous avons besoin de construire notre outil de recherche et de production industrielle à Mayotte. Aujourd’hui, nous faisons les préparations sur l’île, mais la recherche biologique est concentrée dans un laboratoire de l’INRAE, à Tours ».
Pour la start-up, la prochaine étape sera donc de procéder aux tests cliniques, directement dans des élevages, pour prouver l’efficacité de ses molécules en conditions réelles. Une phase qu’attendent la plupart des investisseurs intéressés par le projet, pour mettre la main au portefeuille. « Ce qui les intéresse est d’intégrer la société une fois que le premier produit sera prêt », relève Mohamed Issouf, qui se tourne actuellement vers des fonds publics ou des business angels pour se financer. D’autant que Maybiotech nourrit de grandes ambitions. « À terme, nous souhaitons élargir nos recherches sur les bactéries pour trouver des alternatives aux antibiotiques et adresser le marché de la santé. »
(1) Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.
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C’est, en millions d’euros, le montant nécessaire à Maybiotech pour lancer la commercialisation de ses antiparasitaires.
Retrouvez cet article dans le hors-série Outre-mer Innovation.