Mandy François-Elie, renaître à grandes enjambées

Mandy François-Elie fait partie des athlètes martiniquaises les plus médaillées. Sprinteuse dans l’âme, la championne paralympique affiche un mental à toute épreuve.

Mandy François-Elie © Laurene Valroff / Presse Sports
Yva Gelin

Mandy François-Elie fait partie des athlètes martiniquaises les plus médaillées. Sprinteuse dans l’âme, la championne paralympique affiche un mental à toute épreuve.

Par Yva Gelin

Tout a commencé quand Mandy avait sept ans. Poussée par son rêve de suivre les traces de la championne Marie-José Perec, la jeune Lamentinoise se lance dans l’athlétisme. Aujourd’hui, âgée de 33 ans, Mandy François-Elie présente un palmarès digne des plus grands. Outre ses nombreuses médailles continentales et mondiales, elle est montée sur les trois marches du podium lors des trois dernières éditions des Jeux olympiques : le bronze à Tokyo en 2021 (200 m), l’argent à Rio en 2016 (100 m) et l’or à Londres en 2012 (100 m). Malgré la pression d’un tel événement planétaire, l’athlète aborde le rendez-vous parisien sans stress (1). La différence avec les autres compétitions se voit surtout dans la préparation, les Jeux paralympiques étant tout simplement « le summum ».

Depuis ses débuts, Mandy a toujours visé le plus haut possible et, jusqu’ici, rien ne l’a arrêtée. Pas même un AVC, dont elle a été victime en 2008, à 18 ans. « C’était un vendredi matin. Je me suis sentie mal, j’ai commencé à ne plus savoir parler. J’étais énervée parce que le médecin ne me croyait pas. Ensuite, ça s’est aggravé et on m’a emmenée à l’hôpital. Je suis restée deux mois dans un lit sans parler, rien. Je pouvais seulement dire “oui”. » Mandy devra aussi attendre deux ans avant de pouvoir marcher à nouveau.

Une femme de volonté

Après son accident, celle qui détenait déjà le record du 400 mètres en Martinique n’ose pas reprendre la course. « Au début, j’allais au stade Louis-Achille et je regardais les autres s’entraîner. Je m’y rendais dès que je pouvais et un jour, j’ai fini par reprendre. » Mandy court aujourd’hui en catégorie T37, pour les déficiences d’origine cérébrale. Elle garde toujours des séquelles, quinze ans plus tard, en particulier du côté droit du corps au niveau du bras, de la jambe et du pied, mais aussi de la diction.

Douée d’une force mentale résistant à toute épreuve, la jeune femme est repérée par l’équipe de France et se voit sélectionnée en 2012 pour les championnats d’Europe. En novembre 2016, alors qu’elle faisait jusqu’alors des allers-retours entre la France et la Martinique, elle s’installe définitivement dans l’Hexagone.

Comme l’explique l’une de ses deux entraîneuses, Sylvie Talmant, « Mandy reste une athlète de haut niveau et pratique donc le même programme que n’importe quel sportif valide. La durée de ses séances d’entraînement est en revanche adaptée, car elle fatigue très vite et a besoin de temps de récupération plus importants. Il y a donc une adaptation sur la quantité mais pas sur la qualité, la rigueur ou l’exigence de niveau ». Une détermination payante, puisque la Martiniquaise fut la seule athlète ultramarine à ramener une médaille des derniers Jeux paralympiques de Tokyo.

(1) Les Jeux paralympiques de Paris se tiendront du 28 août au 8 septembre 2024.


Retrouvez cet article dans le hors-série D’entrée de jeux, édition 2023