Léa Charles-Donatien, une fille unique
Elle a le sens des affaires mais encore plus celui de la famille. Fille unique, Léa Charles-Donatien gère l’entreprise familiale juchée sur les hauteurs de Bellefontaine, baptisée Les Jardins de Nini, en référence à sa mère.
Elle a le sens des affaires mais encore plus celui de la famille. Fille unique, Léa Charles-Donatien gère l’entreprise familiale juchée sur les hauteurs de Bellefontaine, baptisée Les Jardins de Nini, en référence à sa mère.
La prospérité de cette société agricole est le fruit de sa préoccupation : assurer une confortable retraite à ses parents. Une belle preuve d’amour de la part de cette business woman aussi ambitieuse que prévenante.
Alors qu’elle vit à Montréal, Léa Charles-Donatien part travailler la boule au ventre. La spécialiste en gestion d’entreprise désapprouve le management méprisant que mène son employeur français. Cette expérience l’atteint, elle quitte son emploi. Elle rebondit quelques mois après son départ, elle se sent prête pour l’entrepreneuriat. Elle se forme dans le design d’intérieur, se met à son compte. Cette première tentative à l’étranger n’aboutit pas : la crise du Covid met fin à son aventure.
La Martiniquaise urbaine qui avait aussi travaillé comme jeune fille au pair aux États-Unis, manager dans la restauration en Inde, rentre chez ses parents à Bellefontaine. De nature prévoyante, elle anticipe l’avenir… de sa famille. Alors, dans cet environnement rural, Léa se mue en véritable cheffe d’entreprise.
Léa Charles-Donatien, une rurale digitale
Une entreprise agricole est une entreprise comme les autres. Aussi, voit-elle dans Les Jardins de Nini l’opportunité de concilier son projet professionnel et son devoir de sécuriser ses parents.
Celle qui vit proche de la nature, et qui, petite, adorait monter dans les arbres digitalise entièrement l’entreprise agricole. Plus rentable. Pas de vente sur place, ni au marché, encore moins dans les foires ; tout est traité en ligne. Les fruits, les légumes, les plantes médicinales… eux sont bien réels. Ils sont cultivés dans le respect des saisons.
La vidéaste filme les 2,6 hectares de vie sur l’exploitation. Ses vidéos s’adressent à une communauté de 400 000 abonnés avec qui elle partage, entre autres, sa passion pour la phytothérapie. La cadence de ses publications est très soutenue. Trop. L’influenceuse fait un burn- out créatif où allumer sa caméra lui est devenu insurmontable. Sa notoriété accable parfois cette femme un peu farouche. Donc, elle revoit sa façon de travailler pour mieux se préserver. Marketing, communication, service clientèle, expédition, préparation de commandes, elle travaille sans relâche.
Une visionnaire confiante
Ses parents se montrent dubitatifs au départ mais leur fille gagne du terrain : les clients de tous bords affluent, elle embauche son père, ils réalisent des travaux sur l’exploitation, ils investissent… Quelques divergences de points de vue subsistent, question de génération, mais Léa avance.
De ce terreau fertile a éclos Jad’in, une deuxième société créée avec son associé Dominique Voyer. Sa spécialisation : le conseil et la mise en place de jardins créoles pour professionnels et particuliers.
Visionnaire et confiante, la gérante prévoit de faire germer jusqu’à dix autres structures proposant des produits et services complémentaires. Pour l’heure, la trépidante Léa aspire à pouvoir déléguer certaines de ses responsabilités, se consacrer davantage à sa vie privée pour un meilleur équilibre personnel, « et bien sûr voyager ».
Retrouvez cet article dans le hors-série Portraits Martinique n°2, édition 2024.