L’aéroport Aimé Césaire : une nouvelle ère entre modernisation, attractivité et ancrage territorial

Agrandi, embelli, simplifié, l’aéroport Aimé Césaire se donne les moyens de ses ambitions. Rencontre avec la présidente du directoire de la Société Aéroport Martinique Aimé Césaire.

Nathalie Sébastien directrice générale de l’aéroport © Jean-Albert Coopmann
Mathieu Rached

Un aéroport au cœur de la vie martiniquaise

Depuis sa prise de fonction le 30 novembre 2023, installée dans l’ancienne aérogare où se trouvent les bureaux administratifs, Nathalie Sébastien organise son équipe et sa vision pour un aéroport qui fasse corps avec le territoire. Sur une île, l’aéroport occupe une place incomparable dans la vie des gens.

En Martinique, c’est aussi un lieu où, culturellement, on se rend en famille pour accompagner ou accueillir quelqu’un. « C’est un endroit où se jouent des moments de grand bonheur et aussi certains moments plus tristes, un endroit qui revêt une place très particulière dans l’intime, porteur d’espoir, d’accomplissement », décrit la présidente du directoire de la SAMAC*, Nathalie Sébastien. « Il fait partie de la vie de la population et du territoire », poursuit-elle, « et tous ceux qui y travaillent participent à cette histoire collective ».

« Nous avons rénové et construit un outil engagé, performant, moderne, nous devons en faire notre aéroport, créer un lien affectif et générationnel »

Nathalie Sébastien, directrice générale de l’aéroport

Une modernisation d’envergure pour un aéroport plus performant

Une histoire dont s’ouvre officiellement un nouveau chapitre depuis l’inauguration de l’extension de l’aérogare le 10 décembre 2024. Après 6 ans de travaux, plus de 120 millions d’euros de budget et 20 000 mètres carrés supplémentaires aménagés, « nous avons un nouvel outil, à nous d’en tirer parti et de construire la meilleure expérience possible vis-à-vis de nos clients, vis-à-vis de nos salariés », explique Nathalie Sébastien.

Pour cela, elle a souhaité plus d’agilité dans l’organisation et a introduit notamment le principe de subsidiarité avec une délégation de prise de décision, elle veut aussi enrichir la marque employeur de l’infrastructure et « embarquer » les 150 employés dans son projet. « Tous les trimestres, nous organisons un « grand kozé » avec une dimension de plan stratégique afin de remettre le client au cœur de notre fonctionnement. On existe parce qu’on est au service d’un territoire, des passagers et des compagnies aériennes », rappelle-t-elle.

L'agrandissement de l'aérogare de l’aéroport Aimé Césaire
L’aérogare a été agrandie de 20 000 mètres carrés, dont une jetée régionale et une estacade qui permettent d’accéder aux plus près des postes de stationnement avions, qui ne sont pas accessibles par passerelles.

Des aménagements pensés pour une expérience passager optimisée

Ainsi, au fil des travaux, une jetée régionale et une estacade ont été aménagés, le contrôle de départ  Police et Sûreté dans sa nouvelle configuration a été mis en place début décembre 2023, les nouveaux espaces de duty-free en août 2024, on est passé de 4 sites de restauration à 10, et prochainement, en mars 2025, 1 200 mètres carrés supplémentaires seront mis en service.

Concrètement, les aménagements ont principalement permis de repenser et d’optimiser l’expérience passager, de bout en bout : l’enregistrement, le contrôle de police, le contrôle de sûreté, le passage en salle d’embarquement où les espaces ont été revus afin de garantir une attente confortable. À l’arrivée, les trois tapis de livraison de bagages ont été remplacés par quatre tapis de livraison, à la fois plus longs et plus sécurisés, un cinquième sera bientôt installé, et les équipes travaillent à une meilleure répartition des flux de passagers pour fluidifier cette étape dans un espace qui a doublé de surface.

« Un aéroport, c’est un écosystème », décrit-elle. Il s’agit de pouvoir mettre à disposition les éléments de service et de parcours pour que l’ensemble des acteurs soit à sa place et trouve du sens dans cet espace de passage. Ce qui veut aussi dire, demain, « poursuivre la construction de l’expérience passager en insérant une touche caribéenne plus marquée à l’échelle de l’infrastructure, à travers certains choix artistiques ou le fait de donner plus de place à la végétation ».

En chiffres

16 compagnies aériennes desservent la Martinique. Près de 14 000 mouvements ont été réalisés en 2024, ce qui représente en moyenne 20 vols par jour.

Renforcer l’attractivité de la Martinique grâce à de nouvelles connexions

Au-delà de l’expérience individuelle des passagers, se joue aussi l’attractivité de la destination. L’aéroport est en effet aux premières loges pour attirer et convaincre de nouvelles compagnies aériennes de desservir la Martinique. En 2024, ce fut le cas de Winair avec 4 destinations desservies : depuis avril 2024, Dominique et Sint-Marteen, puis depuis novembre, Sainte-Lucie et Barbade, ainsi que de Caribbean Airlines qui dessert Trinidad (quatre fois par semaine) et la Barbade (deux fois par semaine), deux autres compagnies ont démarré des rotations en Martinique : Air Antilles et Air Adelphi (Sainte-Lucie, Saint-Vincent). « Nous essayons également de créer des connexions entre les compagnies aériennes caribéennes et les compagnies aériennes françaises qui desservent Paris afin de capter un public désireux de partir en Europe, qui pourra bénéficier de formalités simplifiées en arrivant de Martinique. »

Des investissements majeurs pour la sûreté et la confiance des compagnies

L’autre volet clé en matière de destinations, c’est la sûreté des passagers et des bagages. « 60 millions d’euros ont servi à se doter de nouvelles infrastructures de sûreté », cite Nathalie Sébastien. Parmi les grands aménagements, la construction d’un bâtiment supplémentaire et l’agrandissement de l’aérogare existante pour le stockage des bagages et leur contrôle selon les critères les plus précis au regard de la réglementation européenne, à la fois pour les gros porteurs et les petits porteurs. « Le passage aux standards selon les critères EDS 3 (système de détection d’explosifs standard 3) fait de nous un acteur de confiance pour la clientèle et les compagnies nord-américaines », décrit Nathalie Sébastien.

Entre 2023 et 2024, il y a eu davantage d’offres de sièges et de rotations pour aller aux États-Unis et au Canada, et à terme la directrice générale souhaiterait ajouter New York comme destination au départ de Fort-de-France. Une destination emblématique pour donner encore un peu plus d’éclat à la marque de l’aéroport Aimé Césaire.

*Également directrice générale de la SAMAC (Société Aéroport Martinique Aimé Césaire)

2 millions de passagers

En 2019, un an avant la crise Covid, il y avait eu 2 millions de passagers. En 2024, l’affluence a atteint 93 % du trafic de 2019. En 2025, les 2 millions de passagers devraient être atteints.

Devenir un aéroport vert

Dans sa feuille de mission, si Nathalie Sébastien doit travailler à un modèle économique plus performant, elle doit aussi garantir la transformation décarbonée et réduire l’impact des activités de l’aéroport. 3 exemples. 

Le bruit et l’air

« Si la surface de l’aéroport a doublé, cela ne veut pas forcément dire qu’il y aura deux fois plus d’avions, de bruit ou d’émission de particules fines”. Madininair réalise des mesures pour vérifier la qualité de l’air. Des rencontres sont organisées avec les riverains pour expliquer les projets et rassurer quant à l’évolution et au développement de l’aéroport.

L’électricité

Deuxième plus gros consommateur d’électricité, l’aéroport va se doter de fermes solaires sur le parking, sur les toitures des bâtiments et sur les portions de pistes délaissées afin d’atteindre une autoconsommation totale en électricité et de revendre de l’électricité sur le réseau. Deux chiffres clés pour ces projets de centrale photovoltaïque : 2 700 kilowatt-crête pour les centrales en autoconsommation et 2 000 kilowatt-crête pour la centrale raccordée au réseau.

La faune et la flore

L’environnement immédiat est propice au développement de la faune et la flore : 114 taxons végétaux, 47 espèces animales dont 31 protégées en Martinique. Une cartographie des espèces présentes a été réalisée et l’association Aero biodiversité agit en collaboration avec l’aéroport pour une meilleure connaissance de l’écosystème et le développement de pratiques toujours plus respectueuses de l’environnement et de la mangrove.

Le passage aux standards selon les critères EDS 3 (système de détection d’explosifs standard 3) fait de l’aéroport Aimé Césaire un acteur de confiance pour la clientèle et les compagnies nord-américaines.

 

L'aéroport Aimée Césaire
Le passage aux standards selon les critères EDS 3 (système de détection d’explosifs standard 3) fait de l’aéroport Aimé Césaire un acteur de confiance pour la clientèle et les compagnies nord-américaines.