Laé santé, réduire les coûts, pas les soins
Dans un contexte où les hôpitaux gardent les patients moins longtemps, une application organise pour vous les soins à domicile, grâce au travail acharné de Laétitia Christophe.
Dans un contexte où les hôpitaux gardent les patients moins longtemps, Laé santé, une application organise pour vous les soins à domicile, grâce au travail acharné de Laétitia Christophe.
Par Amandine Ascensio – Photo Cédrick-Isham Calvados
« Bonjour, je cherche une ambulance pour transporter un enfant qui doit faire une IRM. » Dans les petits bureaux de Laé santé, l’entreprise qui s’est fixé pour mission d’organiser un parcours de soin pour les patients en sortie d’hôpital, la recherche d’une solution va bon train. « Quand personne ne répond à l’appel sur la plateforme, on vient en renfort de la solution numérique, surtout quand il y a des patients fragiles », explique Laétitia Christophe, cheffe de la société fondée en 2019.
Infirmière durant quinze ans, la dynamique entrepreneuse a fini par « pivoter » dans sa carrière, passée à observer le monde hospitalier dans lequel elle trempait depuis l’enfance. « Ma maman était cheffe de service en médecine nucléaire, un service qu’elle a créé, mon papa était directeur financier au CHU », raconte-t-elle, souriant au souvenir des discussions oscillant entre le temps nécessaire à accorder aux patients et la question du coût des soins. « Au final, Laé Santé, c’est un peu le pont entre les deux. »
L’avenir financier de l’entreprise reste en jeu
Un pont numérique, conçu à trois — Laétitia Christophe a deux associés co-fondateurs — pour « optimiser le parcours des patients, éviter les attentes trop longues à la sortie de l’hôpital et ne pas laisser les gens seuls face à la jungle des prestataires de soins de suite ». Et, de fait, réaliser des économies. « On a été poussé par le ministère de l’Outre-mer. » Mais aussi par le Groupement hospitalier de territoire, piloté par l’ARS Guadeloupe, parmi les premiers clients de l’application. Et quand on se plonge dans son fonctionnement, qui se veut disruptif, c’est l’intelligence artificielle qui vient gérer tout ça, portée par les mains expertes des associés de Laétitia. Teddy Erembert, le développeur de génie capable de coder toutes les interfaces de l’application, et Loïc Galas, qui verse dans le management de projet. « Sans eux, je n’aurais pas pu aller bien loin. »
Durant la période Covid, où l’organisation hospitalière et le corps médical ont été mis à rude épreuve, Laétitia Christophe a signé un « contrat de bénévolat » avec le CHU, et mis son application à disposition pour faciliter le suivi des patients, mais aussi et surtout l’approvisionnement du territoire en oxygène. « Le numérique permet de compiler des données. Toute cette data m’a permis de savoir quand et où on allait manquer d’oxygène sur le territoire », précise celle qui a permis l’arrivée en Guadeloupe d’un bateau charter avec l’oxygène, évitant ainsi la pénurie.
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Désormais, Laé Santé, c’est huit salariés. Et un avenir que la cheffe d’entreprise imagine radieux. Non seulement de nombreux marchés sur l’activité de base restent à conquérir, mais d’autres pans du soin pourraient venir se greffer dans le projet : de la formation, des vidéos, etc. « On peut imaginer une prise en charge holistique du patient », sourit celle qui indique que l’avenir financier reste en jeu, à une période où le marché des entreprises de la e-santé, bien qu’encore dynamique, se contracte, selon les baromètres du secteur, qui témoignent aussi de difficultés de financement pour les entreprises.
Ne pas laisser les gens seuls face à la jungle des prestataires de soins de suite.
Et à l’heure du développement commercial chez Laé Santé, on est aussi lucide sur le besoin de financement, bien que la crise soit quand même loin. Un rachat ? Pourquoi pas. Un laboratoire privé ? « L’idéal serait une institution publique pour que le service soit mis à disposition des CHU du territoire national. » Car, assure Laétitia, si on évite 4 heures de retard de sortie pour 500 lits, on fait économiser à l’établissement 5 millions d’euros par an. Un outil de service public, donc. “
Retrouvez cet article dans le hors-série Outre-mer Innovation.