La production locale au défi de l’économie locale

Face à la crise qui secoue la Martinique et à la question de la vie chère qui pèse sur tous les foyers des Antilles-Guyane, il existe une solution qui exige patience et endurance, talent et anticipation. L’économie locale, ses atouts et ses opportunités, son dynamisme et son audace sont un des remèdes à une économie pure d’importation. On ne peut pas produire tout ce que nous consommons certes, mais on peut créer de la richesse, un marché, de l’emploi éventuellement et ensuite aussi, mieux consommer. Tous les entrepreneurs de nos territoires œuvrent à cette consolidation de nos économies et d’une société pacifiée, capable de se projeter et faire valoir ses potentiels. Fin octobre nous sommes allés en rencontrer 13 d’entre eux, ils témoignent ici de ce qu’ils réussissent à accomplir.

Adeline Louault, Alix Delmas, Laurie-Anne Antoine, Mathieu Rached

« En récupérant et recyclant, nous voulons insuffler un esprit artisanal et durable en Guyane »

Victor GAUTIER, Fondateur de Takari Design 
production locale

« Takari Design est né d’une idée simple : créer du mobilier local et écoresponsable en valorisant les matériaux disponibles, principalement du bois local et des palettes recyclées. Ces meubles sont produits à La Fabrique du Dégrad en partenariat avec les artisans résidents du tiers-lieu et des jeunes en parcours d’insertion. Pour la valorisation des palettes, notre défi principal reste le manque d’infrastructure adaptée : chaque palette est collectée et démontée à la main, un processus long et complexe. Malgré cela, nous avons déjà valorisé plus de 45 tonnes de matériaux depuis la création de la marque. Pour élargir notre champ d’action et favoriser des projets collaboratifs, nous avons créé de nouveaux espaces d’ateliers partagés au sein de notre manufacture permettant de diversifier nos actions (résidence de professionnels, animations, formations) et nos domaines (soudure, résine époxy, couture, recyclage plastique…). On vise aussi à former nos adhérents, jeunes, plus âgés, amateurs ou débutants pour transmettre l’intérêt du savoir-faire artisanal local, dans l’esprit de La Fabrique du Dégrad, notre tiers-lieu dédié à l’artisanat et l’économie circulaire. »

Je suis fier d’être apiculteur, notre alimentation dépend d’un tiers de la pollinisation.

Jean-François Abela , fondateur de l'association "Le monde des abeilles"
production locale
Credit Photo Lou Denim

« En 2018, j’ai fondé l’association le Monde des abeilles en Guadeloupe après une carrière de chargé d’études statistiques dans l’Hexagone. Nous avons mis en place un système de mécénat. La raison principale de notre association ? Repeupler les écosystèmes guadeloupéens de pollinisateurs. Nous proposons aux entreprises, collectivités et particuliers de parrainer des ruches. Les entreprises peuvent sponsoriser des ruches entières, tandis que les particuliers optent souvent pour des cadres de ruche. En retour, ils reçoivent du miel, parfois étiqueté à leur nom ou avec le logo de leur société. C’est un moyen original de sensibiliser à la protection de la biodiversité, tout en apportant un soutien concret à nos actions de sauvegarde des abeilles. À l’image d’une ruche, nous créons une communauté de parrains qui se rencontrent, s’entraident, échangent des bons procédés. Nous organisons également des sessions de team building. En 2018, nous avions quatre ruches, aujourd’hui nous en avons plus d’une quarantaine. À terme nous aimerions avoir un lieu dédié à la sensibilisation et à une meilleure connaissance de la flore mellifère guadeloupéenne. Je suis fier d’être apiculteur, notre alimentation dépend en effet d’un tiers de la pollinisation, les abeilles sont donc essentielles ! Aujourd’hui, j’y consacre toute mon énergie pour développer notre projet et ainsi sensibiliser davantage de personnes à l’urgence écologique qui nous concerne tous. »

Nous créons des revues pour enfants, imaginées et imprimées aux Antilles.

Gregory Ouana, fondateur de Yékrik 
production locale
Credit Photo Jean-Albert Coopmann

« Née fin 2020, Yékrik est une entreprise familiale qui édite tous les mois les magazines Toupiti, pour les 3 à 6 ans, et Débouya, pour les 6-10 ans. Dépourvus de publicité pour ne pas gêner la lecture, ils sont imaginés et imprimés (1 000 exemplaires par numéro) aux Antilles avec pour objectif de reconnecter les enfants et leurs familles aux langues péyi (30 % du magazine est en créole martiniquais et guadeloupéen) et à la culture caribéenne. Nos revues sont disponibles par abonnement au prix de 9,90 euros par mois pour Toupiti et 12,90 euros par mois pour Débouya. On les trouve aussi à la Fnac et au point presse de l’aéroport. Basée à Fort-de-France, notre start-up a été mise en place sur fonds propres. Notre équipe est réduite au minimum avec des collaborateurs freelances qui jouent le jeu et pratiquent des prix très bas. Nous sommes en déficit mais il se résorbe peu à peu. Nous avons lancé en 2024 une série de publi-reportages avec l’ARS, cela nous a bien aidés. Nous envisageons de proposer ce type de collaboration à d’autres institutions. L’année dernière a été très critique financièrement mais le media RCI nous a donné un coup de pouce inespéré en venant passer une journée dans nos locaux. Ils ont fait un appel à contributions qui nous a relancés. Depuis un an, nous avons également deux apprentis en communication qui nous apportent beaucoup. Ils animent nos réseaux sociaux avec des contenus amusants, adaptés aux dates importantes du calendrier et contribuent à nous faire connaître. Aujourd’hui, notre principale difficulté réside dans la distribution de nos magazines qui, victime de blocages récurrents liés à notre insularité, n’est pas toujours fluide. Nous avons des abonnés en Martinique mais aussi en Guadeloupe, en Europe, aux États-Unis et au Brésil. Nous ne sommes pas Amazon et il faut l’accepter !  Malgré les difficultés, nous avons plein de projets. J’aimerais créer une cellule d’animateurs afin de proposer des lectures de nos magazines et des activités à travers des événements thématiques. Nous réfléchissons également à créer un magazine pour les 1-3 ans car nous avons une demande assez forte là-dessus. Enfin, je souhaiterais développer une “conteuse”, une petite enceinte qui diffuserait une quarantaine d’histoires imaginées par Yékrik. »

Nous menons un gros travail pour vulgariser la beautytech.

Alysson Rénia , fondatrice d'Innoderm
production locale
Credit Photo Jean-Albert Coopmann

« Exerçant dans le domaine de la réhabilitation fonctionnelle, je me suis passionnée pour la biotechnologie et les techniques non invasives suite à un accident qui m’a beaucoup diminuée. J’ai découvert des soins qui agissaient aussi bien sur la santé (en intervenant sur le réseau nerveux moteur) que l’esthétique (en activant la relance cellulaire). C’est ainsi qu’Innoderm est né il y a deux ans. Ma sœur et moi distribuons des appareils de beautytech experts en luminothérapie, en microcourant régénératif et des soins cosméceutiques. Basés sur des techniques professionnelles, conçus en France ou au Japon, ces dispositifs de haute performance sont utilisés en cabinet, en centre de rééducation, en EHPAD, mais peuvent aussi être employés pour un usage personnel. Complémentaires des soins médicaux, ils permettent de potentialiser et de maintenir les effets des actes effectués. Notre principale difficulté est de faire connaître ces techniques novatrices et ces marques premium en Martinique. Nous menons un gros travail de prospection auprès des professionnels de santé : dermatologues, médecins esthétiques, kinés, pharmaciens… certains connaissent déjà mais d’autres pas du tout. Pop-up, animations, ateliers, démonstrations en cabinet ou en pharmacie, mise à disposition des appareils en test, nous ne négligeons aucun moyen pour acculturer le public à la beautytech. Grâce au bouche-à-oreille, aux réseaux sociaux et parce qu’elles s’intéressent aux évolutions technologiques en matière de beauté, de nombreuses clientes achètent directement sur notre site ou viennent dans notre showroom à Fort-de-France pour se faire conseiller. Nos appareils sont chers mais nous avons négocié avec les marques afin de pouvoir proposer un prix de vente équivalent à celui de l’Hexagone. L’investissement financier personnel est grand mais nous croyons à l’efficacité et au succès de nos produits. Aujourd’hui, notre nouveau facteur limitant est le positionnement physique : nous cherchons de nouveaux locaux, plus grands, afin de nous développer au sein d’un véritable concept store qui proposera des ateliers à la clientèle et accueillera de nouvelles marques ainsi que de nouveaux appareils de beautytech. »

Mon rêve ? Voir se développer des vergers partout en Martinique !

  Lynda Blameble,  fondatrice de Faby Sarl
production locale
Credit Photo Jean-Albert Coopmann

Nous produisons des pétillants de fruits 100 % locaux. Ce sont des boissons naturelles, sans conservateurs ni arômes artificiels appelés Q-V Tropical. Nous sommes installés au François où nous cultivons six hectares de vergers. Nous proposons des versions alcoolisées (4,5 %) et non alcoolisées, en quatre parfums : prune de cythère, ananas, maracuja et tamarin. Notre méthode de fabrication est inspirée de la tradition, nous laissons fermenter les fruits en utilisant leurs levures naturelles. Mon parcours d’ingénieure agronome m’a amenée à travailler sur la diversification agricole en Martinique, et Faby Sarl a vu le jour après ma rencontre avec mon associé, un producteur local. Ensemble, nous partageons une passion commune : valoriser les fruits locaux et contribuer à la création d’un marché. Nous organisons des visites des vergers et du site de production, avec dégustation et vente en boutique pour faire découvrir notre démarche. Nos produits sont disponibles en grande distribution, chez des cavistes, en épiceries fines et à la boutique de l’aéroport. Notre objectif est de créer une alternative de qualité pour encourager les consommateurs à redécouvrir les fruits de chez nous. Mon rêve ? Voir se développer des vergers partout en Martinique ! 

Il a fallu opter pour la diversification de notre activité pour faire vivre l’entreprise

Waël Toto  , Les saveurs de Waël
production locale
Credit Photo Jean-Albert Coopmann

J’ai su transformer l’exploitation familiale en entreprise agricole multidisciplinaire, en intégrant des activités qui valorisent nos produits tout en sensibilisant les clients à l’importance de la consommation locale. La diversification est effectivement une stratégie clé, surtout dans le contexte actuel. Les brunchs, ateliers et transformations en confitures témoignent d’une créativité qui permet non seulement de maintenir l’activité, mais aussi de renforcer le lien avec la population. Les obstacles rencontrés, tels que le changement climatique, le recrutement, sont des réalités qui touchent de nombreux agriculteurs, mais la détermination à promouvoir l’agriculture durable et la souveraineté alimentaire montre ma passion et, qui sait, pourrait en inspirer d’autres. En partageant mon expérience et mon savoir-faire, je souhaite contribuer non seulement à mon activité, mais également à un mouvement plus large en faveur de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. 

 La logistique et la rareté des matières premières nous poussent à innover pour nos soins capillaires

Armande Marsan,   Amewat
production locale
Credit Photo Mathieu Delmer

Avec ma sœur, nous avons lancé Amewat en plein Covid, motivées par notre expérience de youtubeuses capillaires, passionnées par les soins naturels et efficaces pour les cheveux. Étant diplômée en chimie cosmétique, je maîtrisais la formulation, mais faire des produits de qualité pour le marché a été un vrai défi, notamment en raison des coûts élevés des tests et de la difficulté d’approvisionnement en ingrédients naturels en Guyane. On a alors décidé de s’approvisionner auprès de producteurs locaux pour obtenir des huiles rares comme le maripa ou le wara, mais l’offre est limitée et la logistique reste complexe, ce qui affecte notre capacité à livrer régulièrement. Nous restons proches de notre communauté sur les réseaux sociaux, notamment en leur permettant de participer à l’évolution de nos produits – leur soutien est notre moteur face aux défis de l’entrepreneuriat en Guyane.

 Nous avons conçu une gamme de 5 produits (shampooing solide, crème hydratante, sérum, etc.) allant de 18 à 36 euros 

Sandra Albertolli,  La Source Cosmetics
production locale
Credit Photo Lou Denim

Bio, naturels et locaux, les produits de soin de La Source Cosmetics ont pour ingrédient principal la vanille. Grâce à Pôle Emploi (France Travail aujourd’hui), j’ai suivi une formation très complète sur la création de cosmétiques naturels qui me permet de maîtriser l’ensemble de la chaîne de fabrication. L’activité a démarré en 2020.  Mon laboratoire éco-responsable 100 % autonome en énergie solaire et eau a été pris en charge à 80 % par le fond de soutien LEADER (Feader + région Guadeloupe). Tout le reste – achat de matières premières, contenants, étiquettes, analyses, identité graphique – a été financé sur fonds propres. J’achète la vanille (environ 10 kilos par an) à Cédric Coutellier (Vanigwa) mais l’année prochaine je m’approvisionnerai auprès de mon mari Sébastien Petitjean Roget qui a lancé une plantation de vanille certifiée AB dans la forêt domaniale de Sainte-Rose. Actuellement, nous proposons une gamme de 5 produits (shampoing solide, crème hydratante, sérum, etc.) avec des tarifs entre 18 et 36 euros. Même si l’activité marche bien, nous nous auto-finançons tout juste. J’aimerais développer de nouveaux produits, notamment en collaboration avec des agriculteurs bio et des artisans locaux pour mettre en valeur les ressources et les compétences de notre île. Mais pour réaliser les différents tests et analyses réglementaires, il faut de la trésorerie. Afin d’assurer notre croissance, j’envisage de faire appel à des soutiens comme BPI France ou des business angels.

Nous créons des maillots en série limitée, sans jamais rééditer nos modèles

Tessa Dédel, co-fondatrice de Ayana Swim
production locale
Credit Photo Mathieu Delmer

Amies d’enfance, Élodie et moi avons toujours travaillé dans l’univers de la beauté. L’idée d’Ayana Swim nous est venue en 2021 parce que nous ne trouvions pas de jolis maillots véritablement adaptés à la diversité des morphologies féminines. Nous voulions mettre en valeur les corps avec des coupes audacieuses et des matières colorées, en hommage à la Guyane. Nous dessinons nos créations et nous les faisons coudre à Bali. Nous choisissons les imprimés et les tissus éco-recyclés à distance avec notre fournisseur qui les achète en Italie. Notre premier fabricant était situé en Chine, les tarifs étaient très compétitifs et les délais de production courts mais il nous a volé des modèles que nous avons retrouvés sur le site d’une grande enseigne de mode. Cette expérience nous a servi de leçon ! En trois ans, nous avons créé une trentaine de références, produites chacune à une vingtaine d’exemplaires. Tous nos maillots sont vendus entre 70 et 100 euros sur notre site internet et dans quelques boutiques en Guyane. Notre volonté est de créer en série limitée, sans jamais rééditer nos modèles. Nous souhaitons que nos clientes aient des maillots uniques. Mais ce parti pris nous pose difficulté. Notre fournisseur rechigne de plus en plus à produire en petite quantité, ce n’est pas suffisamment rentable pour lui. Nous cherchons d’autres fabricants du côté du Brésil ou en Europe. Pour pouvoir produire plus, il nous faudrait faire davantage connaître notre marque, développer la communication. Mais nous avons chacune des métiers à côté, des familles, ce n’est pas facile de tout gérer. 

 Je travaille avec une dizaine d’illustrateurs et d’écrivains guyanais

Suzie Lan,  Éditions Plume Verte
production locale

Au départ Plume Verte était une carterie créée par mon mari photographe, Thierry Montford. Quand je suis devenue maman en 2003, je ne trouvais rien à lire à mes enfants sur la Guyane. Il y avait un vrai manque. J’ai eu la chance de rencontrer l’auteure Sophie Darl’mat et l’illustratrice Anne-Cécile Boutard et nous avons lancé les aventures de Ti Zouk, une série d’albums pour les 3 à 6 ans. Notre offre s’est étoffée au fil des ans, on a développé différentes gammes tout en restant concentré sur deux pôles : la jeunesse et le tourisme. Aujourd’hui, nous publions une dizaine d’ouvrages par an. Le livre n’étant pas un produit de première nécessité, il n’est pas toujours facile à vendre. D’autant que nous ne sommes pas à la pointe en matière de communication, c’est ce qui limite notre développement aujourd’hui. Je joue beaucoup sur le bouche-à-oreille mais ça ne suffit plus. C’est un point sur lequel on va travailler même si cela représente un investissement. On imprime en Espagne, en France, à Hong Kong, selon les types d’ouvrages. 2 000 exemplaires minimum par titre, sinon ce n’est pas rentable. Nous les vendons entre 3,90 à 30 euros dans les librairies, grandes surfaces et boutiques souvenirs du territoire. On a tenté l’export mais c’est trop lourd à gérer et les frais de retours des invendus sont très coûteux. Je suis prudente budgétairement. Notre équipe est réduite : Thierry est à la maquette, moi à la gestion comptable et nous avons deux commerciaux. Nous travaillons également avec des correcteurs et des maquettistes freelances. L’autre difficulté de notre activité est de trouver des auteurs. Il est impensable que ce ne soit pas des Guyanais ou des personnes ayant vécu en Guyane qui écrivent sur le péyi. Je travaille avec une dizaine d’illustrateurs et d’écrivains. Je les remercie car sans eux, nous n’aurions jamais pu grandir. Il arrive qu’on me soumette des projets ou que je rencontre des plumes potentielles au gré des animations et salons. Je n’hésite pas à leur proposer d’écrire pour nous, parfois ça fonctionne ! Notre projet est d’éditer davantage de romans jeunesse mais aussi de développer le côté audio et multilingue des albums, pour représenter la diversité guyanaise et éveiller un maximum d’enfants à la littérature et à la culture locale.

On avait ce rêve de proposer du poisson local, frais, élevé dans les meilleures conditions

Dimitri Ronil ,  fondateur de Dipagua
production locale

Avec mon associé Pascal, on a lancé Dipagua pour conjuguer nos deux passions : l’élevage et la mer. Tous les deux, on avait ce rêve de proposer du poisson local, frais, élevé dans les meilleures conditions. Mais quand on a démarré, on s’est rendu compte que le seul projet aquacole en Guadeloupe était un projet pilote. Tout était à créer, surtout sur le plan administratif. Pour obtenir la concession, il a fallu convaincre sept structures différentes, un vrai marathon ! Et puis, il y avait l’investissement de départ, bien plus élevé qu’en agriculture traditionnelle. Les banques ne jouent pas toujours le jeu, et les premières rentrées d’argent n’arrivent qu’après six à neuf mois d’élevage. Au début, les restaurateurs et les particuliers étaient méfiants : le poisson d’élevage ne faisant pas partie de la culture locale. On a dû prouver la qualité de nos loups des Caraïbes, et maintenant, on a une petite clientèle qui nous fait confiance. Aujourd’hui, notre objectif est de diversifier les espèces, élargir l’équipe et proposer bientôt de la transformation pour répondre à la demande.

Des containers “premier voyage” qu’on récupère et transforme ici

Vanessah Machire, fondatrice de Medibox 
production locale

Pourquoi ce projet pour les personnes âgées ? Spécialisée depuis plus de 15 ans dans le management de la qualité et la gestion de projet, je voulais lancer une entreprise qui réponde à un vrai besoin en Guadeloupe : permettre aux familles de garder leurs proches âgés près d’eux. Il s’agit de Medibox, des logements modulaires adaptés aux seniors, fabriqués en Guadeloupe avec des fournisseurs locaux. Ce sont des containers “premier voyage” qu’on récupère et transforme ici. Tout est pensé pour répondre aux besoins de perte d’autonomie, tout en respectant l’intimité des personnes âgées. Le défi principal est le financement de ce projet semi-industriel mais j’ai la chance d’avoir l’appui de réseaux comme BPI et Réseau entreprendre.  L’accueil, lui, est excellent ! Entre les forums et salons, les familles et professionnels sont très réceptifs, car le besoin est réel. Les infrastructures pour seniors sont parfois saturées ou chères. Et puis, avec le vieillissement rapide de la population, ce genre d’alternative est essentiel pour répondre à cette demande croissante. Pour l’instant, nous sommes en Guadeloupe mais nous envisageons déjà de nous étendre en Martinique et dans l’Hexagone.

Avec les outils du marketing, on voudrait changer l’image touristique très lisse de la Guadeloupe

Anthony Rolnin, co-fondateur de Geedme.com
production locale

J’avais voulu rentrer en Guadeloupe pour entreprendre. J’avais eu le déclic lors d’un mémoire universitaire sur le gaspillage alimentaire et je voulais rentrer avec l’idée d’apporter une solution dans l’esprit de TooGoodToGo. Finalement le projet ne pouvait être mené tel quel et avec un ami d’enfance, Jérémy Félix, qui a des compétences IT nous avons créé un autre projet autour de l’alimentaire. Il s’agissait d’une épicerie de proximité de produits locaux, Aktè complètement digitalisée, qui proposait et livrait les productions maraîchères, issues des métiers de bouche.

Nous avons grâce au concours French Tech Tremplin pu être accompagné pendant 1 an par Zebox mais le marché n’était pas assez mûr ni assez grand pour que l’épicerie seule fonctionne, l’aventure s’est arrêtée début 2024. Nous nous sommes remis au travail rapidement et avons créé une plateforme e-commerce autour des activités touristiques en Guadeloupe.

On s’attaque à un secteur concurrentiel certes mais avec l’idée de mieux valoriser l’ensemble du territoire, et pour cela d’élargir le champ des activités au-delà des 3 principaux spots de tourisme de la Guadeloupe. Notre objectif c’est de donner de la visibilité à des activités qui ne sont pas aussi bien vu qu’elles ne devraient l’être et de donner envie à certains de se professionnaliser pour faire valoir leur singularité. Je pense à des visites contées, par exemple celle des vestiges d’une ancienne prison pour esclaves, qui sont souvent spontanément écartées des programmes des bateaux de croisière afin de ne pas perturber les vacanciers. Nous sommes deux associés, et armés de nos outils marketing, on voudrait pouvoir changer cette image lisse de la Guadeloupe et rappeler que l’île entière se visite.