Fonds Verts : l’exemple de l’écoquartier de Bon Air

Les subventions d’État réussiront-elles à donner le coup d’accélérateur suffisant au verdissement de nos territoires et de nos économies ? Suite de notre enquête auprès des lauréats du Fonds vert 2023 et zoom sur l'écoquartier de Bon Air. (3/6)

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Floriane Jean-Gilles
Passage au vert

Transformation du quartier Bon Air en écoquartier

Porteur du projet : Commune de Fort-de-France/Aménageur concessionnaire SAS Bon Air
Coût total du projet : 59 M €
Subvention Fonds vert : 2,5 M €

De quartier à écoquartier

Le quartier Bon Air a été créé en 1965 pour reloger les ménages du morne Pichevin arrivés massivement des campagnes vers Fort-de-France à la suite de la crise agricole. Construits sur le modèle des HLM hexagonaux, les bâtiments livrés bruts de béton se sont rapidement dégradés poussant Serge Letchimy, alors maire de Fort-de-France, à lancer un plan de sauvegarde en 2007. Un risque sismique non corrigible étant avéré, la démolition était inévitable.

Bon air, écoquartier

« La 1ère phase du projet, aujourd’hui terminée, a consisté à mettre la population en sécurité, nous explique Yannis Baflast, directeur de la SAS Bon Air. Nous avons délogé et relogé les résidents et géré 95% des déménagements, en qualité d’aménageur concessionnaire de la ville de Fort-de-France depuis 2012. La seconde phase, aujourd’hui en cours, consiste à aménager et équiper le quartier pour construire les nouveaux bâtiments d’ici 2030. Pour celle-ci nous avons bénéficié de la subvention Fonds vert, qui ciblait les projets en mesure de démarrer rapidement. Nous avons perçu 50% de la somme, versée par acomptes au prorata de l’avancement des opérations. Le solde sera versé une fois la phase d’aménagement effectuée. Initiée après la crise COVID, les opérations d’aménagement ont été interrompues pendant 24 mois, faute de trésorerie suffisante pour assurer la continuité des travaux sans à-coups. Le besoin de trésorerie est estimé à 20 millions d’euros : c’est le montant du prêt visant à préfinancer les subventions publiques accordé par l’AFD. Les phases de désamiantage et de démolition de la copropriété dégradée ont été finalisées pendant la crise COVID, nous travaillons depuis un an à remettre en place l’ensemble des réseaux : évacuation des eaux pluviales et des eaux usées, éclairage public intelligent, fibre optique, système électrique sous-terrain pour la recharge des véhicules électriques, par exemple. »

Fin de l’aménagement en 2027

La ZAC Bon Air, écoquartier caribéen, s’étend sur 4,5 hectares, c’est un espace urbain conséquent à l’échelle de Fort-de-France. Il est situé à 1 kilomètre environ du centre foyalais et à 500 mètres de la rocade ou du TCSP. Le nouvel écoquartier a vocation de relier plusieurs secteurs de la ville entre eux via l’avenue Maurice Bishop, une coulée verte est également prévue de la route des Religieuses vers Sainte-Thérèse. Yannis Baflast poursuit : « L’écoquartier caribéen Bon Air entend proposer des solutions pour favoriser la mixité sociale et améliorer le cadre de vie des résidents en offrant des équipements publics de qualité (centre culturel dédié à la musique, maison de la petite enfance, ludothèque, jardin partagé, parcours sportif). 4000m2 en rez-de-chaussée des bâtiments seront dédiés aux activités et services. Au centre de l’écoquartier, des espaces verts seront aménagés sur 1,3 hectare, véritable poumon vert pour garantir des îlots de fraîcheur. »

« L’écoquartier caribéen de Bon Air représente un investissement de 59 millions d’euros. À ce jour, nous avons dépensé 30 millions d’euros, 29 millions restent encore à régler pour finaliser le volet aménagement et équipements du programme, en 2027. L’effort financier est conséquent, mais l’effet levier est tout aussi considérable puisqu’on estime à 100 millions l’investissement en construction de 450 logements sur les 5 années à venir », conclut Yannis Baflast.