L’aquaculture, une alternative à la pêche ?

La surpêche, la dégradation de l’environnement côtier et la diminution de la ressource ont mis en évidence la nécessité de diversifier les modes d’approvisionnement en produits de la mer. L’aquaculture émerge comme une solution durable pour répondre à la demande croissante tout en préservant les écosystèmes marins.

Ann Bouard

Dans les Antilles, les schémas directeurs doivent répondre à une demande qui dépasse les capacités des ressources halieutiques régionales. Pour exemple, la Martinique importe environ 60 % de ses poissons consommés. Face à ce constat, la Collectivité de Saint-Martin, soumise aux mêmes contraintes, a engagé une réflexion et mis en place un schéma territorial. L’objectif est de planifier la consommation humaine tout en garantissant la durabilité des ressources marines.

Pisciculture et espèces endémiques

Sept étudiants, en 4e année à l’école supérieure d’agro-développement international (ISTOM) d’Angers, ont planché de mai à juillet derniers sur la faisabilité et les conditions de développement de l’aquaculture à Saint-Martin. Après avoir resitué le contexte, étudié le cadre juridique, initié des analyses cartographiques, ils se sont ensuite confrontés à l’existant sur d’autres territoires, comme la Martinique, ont échangé avec le conservatoire des eaux en Guadeloupe, et sur le territoire sont allés à la rencontre des pêcheurs, des restaurateurs, du Conservatoire du littoral, de la Réserve naturelle, de la DEAL, etc.

En résulte un projet basé sur l’une des composantes de l’aquaculture, la pisciculture, soit l’élevage de poissons.

Une première cartographie des sites susceptibles d’accueillir de tels élevages a été produite, et si les zones homogènes ne sont pas encore officiellement définies, la recommandation s’oriente vers un premier bassin au large des Terres Basses et un second au nord-ouest d’Anse Marcel. Concernant les espèces les plus aptes à être élevées dans les eaux saint-martinoises, et pouvant également satisfaire les restaurateurs et la population en termes de consommation, ce sont des espèces endémiques de l’île qui seront retenues.

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L’aquaculture pour l’autosuffisance alimentaire ?

Le projet a été validé par l’institut de recherche de l’ISTOM et remis à la Collectivité. La population était invitée à donner son avis jusqu’au 2 octobre et pouvait apporter commentaires et suggestions. À l’issue de cette consultation, les démarches se poursuivront pour obtenir les validations, territoriale puis nationale, afin d’entériner le schéma territorial de développement de l’aquaculture marine du territoire.

En parallèle, des parcours de formations devraient être mis en place par la Collectivité pour créer de nouveaux emplois par le biais de cette filière. L’objectif final est de pouvoir acquérir une autosuffisance alimentaire.

Les pêcheurs de Saint-Martin sont confrontés comme leurs homologues de par le monde à la problématique de la raréfaction de la ressource. L’aquaculture pourrait donc représenter pour eux un complément de revenus, voire une alternative pour pouvoir transmettre la tradition de la pêche aux nouvelles générations.

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