Katherine Chatel, la force tranquille
Directrice associée de l’agence de voyages Odyssée, fondatrice et ex-présidente du Club Tourisme Île de La Réunion, Katherine Chatel est une entrepreneuse autant qu’une femme de défis portée par ses convictions. Accessible et spontanée, elle raconte son parcours, sans en parler au passé.
Par Benjamin Postaire
La première personne du singulier n’est clairement pas celle qui convient le mieux à Katherine Chatel. Malgré un parcours riche d’expériences réussies, elle préfère toujours mettre en avant l’aspect collectif et humain de ses différents projets. Cet altruisme, il est à la source d’Odyssée, l’agence de voyages créée en 2002 avec son associée, son amie, Gwenaelle Bellec. Cette dernière est d’ailleurs la mieux placée pour décrire son « alter-ego » : « C’est une personne très généreuse mais qui n’a pas froid aux yeux ».
Dans le mille ! L’ancienne directrice de l’agence de communication Bambou est très humaine et à l’écoute, ça saute aux yeux, et dans le même temps dotée d’une force de caractère au service de convictions bien ancrées. Un caractère et des convictions bien utiles au moment de créer Odyssée. « Il y a 15 ans, tout le monde nous prenait pour des cinglées », se souvient-elle. Il est vrai que le concept était novateur : « Odyssée est une agence en étage. Nos bureaux ne sont pas en pas-de-porte car nous visons des clients corporate. Chez nous, tout est sur-mesure et basé sur l’écoute et le service ».
La niche s’est avérée payante. Aujourd’hui, Odyssée c’est 10 salariés, des locaux qui font ressortir l’authenticité et la personnalité de l’agence, et surtout des clients fidèles. Pas besoin de publicité, le bouche à oreille et la persévérance font le travail. Surtout, comme ses dirigeantes, Odyssée est en perpétuel mouvement. « J’adore me remettre en cause, explique Katherine Chatel. Actuellement nous opérons de nombreux bouleversements dans le système de gestion informatique de l’agence. Mais une Odyssée n’est pas un long fleuve tranquille, c’est le chaos perpétuel contrôlé ».
« Le touriste n’est pas un consommateur »
Parallèlement, et probablement tout autant pour combler son besoin d’action que pour affirmer ses convictions, Katherine Chatel crée en 2010, avec 30 autres chefs d’entreprises du secteur, le Club Tourisme Île de La Réunion. Le Club a pour objectif d’initier une filière afin de représenter et défendre le secteur touristique auprès des politiques et des institutions. Présidente durant cinq ans, Katherine Chatel y insuffle son énergie et ses valeurs : « On intègre le Club avant tout pour partager. Ensuite, il faut avoir une vision du tourisme axée sur la qualité du service, le respect et l’honnêteté dans son offre ».
On touche là le cœur du combat de Katherine Chatel : le développement d’un tourisme durable, équitable, loin du tou-risme de masse souhaité par certains. «Le touriste n’est pas un consommateur, il vient pour échanger, pour découvrir, explique-t-elle. On doit lui proposer une véritable expérience et mettre en avant notre patrimoine qu’il soit artisanal, naturel, gastronomique. Il faut tendre vers un tourisme respectueux de l’environnement et des habitants. Il faut également rendre les Réunionnais acteurs de leur territoire afin qu’ils en retirent de la valeur ajoutée».
Sans se définir comme une militante, Katherine Chatel ne recule pas au moment d’affirmer ses convictions, « quitte à me faire taper dessus, assure-t-elle. On m’a un jour dit que j’étais une emmerdeuse. Et bien si c’est pour défendre mes valeurs, ça me va ». Son prochain combat ? « M’occuper plus de moi. Reprendre le golf, la peinture, faire plus de voyages, diminuer les sollicitations ». Là encore, elle est… « là où on ne m’attend pas ».