Karline Guillaume, de l’autre côté du miroir

Petite, Karline ne veut pas faire de vague, choisit la voie de l’excellence à l’école, de la gentillesse avec les autres. Sa mère se démène pour élever ses quatre enfants, alors Karline se fait discrète, obéissante. Elle aurait pu poursuivre sur ce chemin d’élève exemplaire, mais, alors qu’elle suit des études de biologie, elle prend un virage inattendu : elle quitte tout pour suivre son amoureux de l’époque, qui souhaite rentrer en Martinique. Sans diplôme, elle enchaîne les petits boulots jusqu’à ce qu’une agence événementielle repère son potentiel. Elle saisit sa chance. Débrouillarde et travailleuse, elle apprend le métier, gravit les échelons jusqu’à créer sa propre agence en 2016. « J’ai gardé longtemps ce complexe de ne pas avoir de diplôme, j’en faisais quatre fois plus pour être à la hauteur. Aujourd’hui, je sais qu’avoir tout appris sur le terrain est ma force. »

Cheffe d’entreprise aux multiples casquettes, Karline Guillaume est une organisatrice hors pair. « Tout ce que je réalise est découpé en plusieurs étapes, en plusieurs actions, en plusieurs tâches. Tout est pensé, prévu, écrit. Les risques que je prends sont tous calculés ! Quand j’ai lancé le festival Ladies Break, c’était un projet énorme, mais j’avais la méthode, les équipes, les assurances qu’il fallait. » Si rien n’est laissé au hasard, chacun de ses projets est né d’une intuition. Elle crée le concept de Ladies Break parce qu’elle constate que ses copines n’ont pas le temps de se retrouver, ont besoin d’un temps pour elles. Dans son émission Telles qu’elles, elle reçoit des femmes qu’elle a rencontrées et qu’elle a envie de faire connaître. Son dernier projet Level Up est né d’une envie de partager son expertise. « Tout vient du cœur, puis, l’organisation rend l’impossible possible. »

« Je suis toujours bien habillée, apprêtée, souvent en talons, même quand je fais mes courses ! Contrairement à ce que certains pourraient croire, je ne joue pas un rôle, je suis naturellement et complètement sophistiquée ! J’aime être élégante, à mon avantage, je m’occupe de moi. » Si la femme d’affaires contrôle son image, elle se surprend, depuis ses 40 ans à lâcher prise. « Je m’autorise à être plus fun et détendue dans mes vidéos, à prendre plus de plaisir dans mon travail, à me détacher du regard des autres. » Être une personne publique attise des jalousies, elle l’accepte. « Si j’ai pu être blessée par des remarques dans le passé, ça ne m’atteint plus aujourd’hui. Je sais qui je suis. »

Pendant des années, elle cherche la performance, jusqu’à ce que son corps lui impose une pause : hernie discale, hémorragies inexpliquées, opération chirurgicale. « Je n’avais plus le choix, je devais m’écouter. »  La quarantaine marque pour elle un tournant. Elle entame une thérapie, revisite son histoire, accepte ses failles. « J’ai recollé les morceaux de mon enfance, compris mes blessures. » Mère d’une adolescente, elle vit une relation intense avec sa fille. « Elle est ma miniature, elle m’accompagne partout. Mais je veille à ce qu’elle imagine sa vie sans moi ! » Ce qui compte le plus aujourd’hui pour Karline, c’est ce juste équilibre entre ses projets professionnels et le temps passé avec ses proches.