L’Iguavie souhaite travailler davantage en “transfilières”
L’Iguavie fête ses 20 ans cette année. Bilan et perspectives avec Alain Bazir, secrétaire général de l’Interprofession guadeloupéenne de la viande et de l’élevage.
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L’Iguavie, créée en 2004, a signé le premier accord en 2005. Quel regard portez-vous sur le travail mené depuis 20 ans ?
Alain Bazir : Avant 2004, chacun travaillait de son côté. Le défi a été de réunir tout le monde autour d’une table : les éleveurs, le provendier*, les abattoirs, les boucheries artisanales et la grande distribution. Ils constituent aujourd’hui les cinq collèges présents au sein de l’interprofession. L’objectif était double : améliorer les revenus des producteurs et répondre aux besoins des consommateurs. Des projets structurants ont été menés. Il y a 20 ans, on vendait des quartiers de porc et des demi-bovins à la sortie de l’abattoir. Aujourd’hui, nos structures vendent des produits découpés et transformés (entrecôtes, saucisses, etc.) Des ateliers de découpe et d’agrotransformation ont été mis en place. La rémunération des éleveurs a ainsi pu être consolidée au fil des années.
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Où en est l’Iguavie aujourd’hui ?
Depuis 20 ans, on se connaît. Chacun comprend les besoins et les contraintes des uns et des autres. Nous avons une bonne connaissance du marché, du point d’équilibre qu’il faut atteindre pour éviter que les prix s’envolent.
Justement, concernant la vie chère, comment abordez-vous cette problématique au sein de l’Iguavie ?
Si on parle du poulet surgelé à un euro le kilo, nous n’irons jamais sur ce terrain-là. En Guadeloupe, nous consommons plus de 12 000 tonnes de poulet par an et la production locale couvre à peine 10 % des besoins. En revanche, nous pouvons chercher à augmenter la production afin d’offrir un produit dont la qualité et la traçabilité sont garanties au meilleur prix. Notre objectif, à l’horizon 2030, est d’atteindre une production de 2 400 tonnes de poulet. On va y aller par étape afin d’assurer aux distributeurs (boucheries, grande distribution) un approvisionnement régulier, à un prix qui rémunère le travail de nos éleveurs et accessible à tous.
Quelles seront vos priorités dans les années à venir ?
Nous devons encourager les agriculteurs à rejoindre les organisations professionnelles. La filière bovine est celle qui a le plus décliné en 20 ans. Nos vaches, en moyenne, ne font qu’un veau tous les cinq ans, souvent par manque d’accompagnement technique pour la reproduction, l’alimentation et les problèmes sanitaires. Si davantage d’éleveurs adhéraient aux structures collectives, celles-ci auraient plus de moyens pour les aider à améliorer leur productivité. Avec un veau tous les deux ou trois ans, nous accroîtrions le cheptel et les éleveurs augmenteraient leurs revenus. C’est ce cercle vertueux qu’il nous faut encourager, dans toutes les filières.
Ainsi nous montrerons aux jeunes qu’ils peuvent vivre décemment de leur travail, et nous rendrons le métier plus attractif.
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Comment peut-on encourager les Guadeloupéens à consommer la viande locale ?
En 2025, nous organiserons plusieurs manifestations afin de valoriser nos filières auprès des enfants en priorité. Nous souhaitons aussi améliorer la visibilité de nos produits. Cela peut passer par une marque collective ou en réunissant toute la viande locale dans un même espace, bien mieux identifié, sur les lieux de vente. Nous relèverons les défis à venir en travaillant davantage en « transfilières ». On pourrait, par exemple, s’organiser entre filières pour optimiser la livraison de nos produits dans les points de vente éloignés. C’est en travaillant tous ensemble que nous progresserons.
* Provendier : celui qui produit et/ou distribue l’alimentation destinée aux animaux d’élevage.
L’Iguavie
05 90 26 47 30
contact@iguavie.com
Qu’est-ce que l’Iguavie ?
L’Iguavie, Interprofession guadeloupéenne de la viande et de l’élevage, est reconnue au niveau européen pour sept filières : bovins, ovins-caprins, porcins, lapins, volaille, apiculture et les œufs.
Ses principales missions :
• Structuration des filières d’élevage
• Améliorations du revenu des producteurs
• Défense des intérêts et représentation des filières d’élevage
• Promotion et valorisation des produits de l’élevage
• Gestion de la mesure « Structuration de l’élevage » du POSEI-FRANCE