Ericka Merion, sport et stats

Depuis toute petite, elle fonce : dans les études, le sport, la vie. Femme engagée, elle a monté son entreprise, Qualistat, et préside le conseil d’administration du Creps. Un mode de vie à 100 à l’heure, dont le succès ne se dément pas.

Ericka Merion © Cédrick Isham Calvados
Amandine Ascensio

Depuis toute petite, elle fonce : dans les études, le sport, la vie. Femme engagée, Ericka Merion a monté son entreprise, Qualistat, et préside le conseil d’administration du Creps. Un mode de vie à 100 à l’heure, dont le succès ne se dément pas.

Texte Amandine Ascensio

CANALISER.

« Je voulais faire du karaté mais mes parents m’ont plutôt emmenée au judo », raconte l’ancienne sportive de haut niveau. Elle a pratiqué la planche à voile et regrette de ne plus avoir le temps.

Elle court aussi, régulièrement, quand elle trouve un moment dans son emploi du temps surchargé. « Le sport, c’était pour me canaliser en classe quand j’étais à l’école, sinon je m’ennuyais ferme et j’étais insupportable. »

ÉTUDIER.

Ericka Merion a découvert les chiffres durant un de ses premiers jobs. Après des études de chimie et autres sciences dures, elle travaille dans le monde de la cosmétique. Elle y établit des statistiques d’évaluation pour les crèmes et autres produits anti-âge d’une des plus grandes marques du monde.

« J’ai compris à ce moment- là que j’aimais ça, et que je voulais faire des mathématiques mon métier. »

En 1995, elle crée l’institut d’études Qualistat, qui accompagne les entreprises, les institutions et les collectivités dans leurs projets de développement, en analysant les territoires.

COMPTER.

Il était impensable, pour la jeune femme de l’époque, étudiante à Montpellier, de ne pas revenir vivre en Guadeloupe. « J’ai pensé mes études en fonction de ce que je pourrais faire ici », raconte cette cheffe d’entreprise accomplie, qui n’avait pour autant pas imaginé une telle suite pour elle.

Au départ, son plan était plutôt l’agro-transformation et la valorisation des produits agricoles. L’annonce à ses parents de la création d’une entreprise de statistiques est restée une surprise. « Ma mère m’a acheté mon premier ordinateur portable », sourit-elle, se remémorant un appareil lourd, gros « mais quand même transportable ».

DÉBOULER.

Le carnaval, pour Ericka Merion, c’est avec Akiyo et seulement Akiyo. « Je suis très fidèle. Je suis rentrée chez eux, j’avais 13 ou 14 ans », raconte-t-elle. C’est en suivant sa mère au déboulé en kaki, interdit au milieu des années 1980, par le préfet Hugodot, qu’elle prend le pas. Un rendez-vous qu’elle ne manquerait pour rien au monde, trente ans plus tard.

CONTRIBUER.

Ericka Merion fait aujourd’hui le constat d’une Guadeloupe à plusieurs vitesses, où les inégalités se creusent. Où deux jeunesses cohabitent avant de prendre des chemins différents. Ceux qui peuvent partir, obtenir des diplômes et choisir leur destin. Et les autres, moins aidés par la vie, coincés dans de dures spirales.

« C’est pour ça qu’il faut accompagner, aller parler dans les collèges, les lycées, montrer une voie. »

Ses dimanches passés dans les gymnases à juger les compétitions de judo lui laissent un souvenir ému : « C’était un sacrifice, mais ces moments-là ont sauvé quelques jeunes de la noyade sociale ».

CHANGER.

Avec le temps qui passe, elle a ralenti le sport. Moins de temps pour faire de la planche à voile. Moins de condition physique pour pratiquer le judo. Mais toujours ce balan qui la pousse. À continuer à diriger l’entreprise. À s’occuper de ses parents. Continuer à foncer, à courir au gré des intérêts : « J’ai la chance de pouvoir faire ce qui me plaît, et quand ça ne m’intéresse plus, j’arrête. » De la fatigue parfois. De l’énergie, toujours.


Retrouvez cet article dans le hors-série Portraits Guadeloupe de mars 2024.