Démos Guadeloupe Cap Excellence : l’apprentissage de la musique vecteur de lien social

Ils ont entre 8 et 10 ans et forment le nouvel orchestre Démos Guadeloupe Cap Excellence. Jocelyne Daril, directrice des politiques culturelles, lève le voile sur cette nouvelle aventure musicale en lien avec la Philharmonie de Paris.

Texte Claire Jacques – Photo Lou Denim

Porté depuis 5 ans par la communauté d’agglomération Cap Excellence, le projet Démos Guadeloupe prend une nouvelle dimension en 2023, quelle est-elle ?

Fort du succès de la première mouture, nous relançons ce dispositif coordonné par la Philharmonie de Paris, avec la mise en place d’un nouvel orchestre. Pour rappel, ces 5 dernières années – dont deux ans de covid – Démos, pour Dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale, a permis à 105 enfants de 7 à 12 ans issus de quartiers relevant de la politique de la Ville, de s’initier à la pratique instrumentale en orchestre. Parmi eux, une quarantaine d’adolescents forment aujourd’hui l’orchestre avancé Excellence Guadeloupe, complété par une chorale de mamans et l’ensemble instrumental des professeurs.

En ce début d’année, avec la création de ce nouvel orchestre Démos, nous remettons la machine en marche avec, cette fois-ci, le recrutement de 112 enfants. Nous sommes partis sur un effectif un peu plus important pour s’assurer qu’au bout des 3 ans de dispositif, nous ayons suffisamment de musiciens pour abonder l’orchestre avancé et en assurer le renouvellement.

Comment ont été recrutés ces futurs petits musiciens ?

Le Comité de pilotage (Philharmonie, la CAF, l’État, élus et cadres administratifs de Cap Excellence, le Conseil régional, le Conseil départemental et les villes-membres) a défini des critères un peu plus restrictifs que précédemment. Nous avons réduit la tranche d’âge à 8-10 ans et avons donné la priorité aux enfants qui n’ont vraiment aucun accès à la pratique artistique et dont les familles n’auraient pas pu offrir l’opportunité de suivre un enseignement musical. Nous nous sommes appuyés sur les structures sociales de l’agglomération « Centre », souvent accolées à des établissements scolaires du premier degré.

Nous avons choisi 7 quartiers (1) qui abritent chacun un atelier intégrant une famille d’instruments. Par exemple, une section cuivres (trombone, trompettes, tuba) à Darboussier/Pointe-à-Pitre ; un ensemble bois (clarinette, flûte) et deux ateliers cordes (violon, alto, violoncelle, contrebasse) aux Abymes, mais aussi deux ateliers à Baie-Mahault (bois et cordes).

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Comment se déroule concrètement l’apprentissage de la pratique instrumentale ?

Après un stage d’intégration en décembre, les enfants ont entamé six semaines de danse et de chant pour les préparer à la pratique instrumentale. À l’issue de cette période, nous allons organiser une cérémonie de remise des instruments. Puis, à raison de deux ateliers hebdomadaires de deux heures, ils bénéficieront de quatre mois d’apprentissage de la pratique instrumentale et de préparation du grand concert qui réunira tout l’orchestre.

Dans chaque atelier, les enfants sont encadrés par un référent terrain (éducateur spécialisé, assistante sociale ou encore médiateur culturel). Aux côtés des deux enseignants professionnels (danseurs, chanteurs, instrumentistes), ce référent est là pour identifier tous les freins à l’apprentissage et faire le lien avec les parents à qui cela demande également un vrai engagement.

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Au-delà de l’aspect musical, Démos a indéniablement une dimension sociale ?

La dimension sociale de ce projet ce n’est pas tellement que les enfants viennent de quartiers prioritaires populaires, c’est surtout le lien qu’il génère entre les personnes. C’est le côté famille. On compte les uns sur les autres et on dépend les uns des autres. On apprend la musique ensemble, mais aussi à savoir exister dans un groupe tout en se sentant la partie d’un tout. L’apprentissage de ce vivre ensemble est important pour la cohésion de l’orchestre, de même que la notion d’engagement. Ces valeurs sont également essentielles dans la construction de leur vie d’adulte.

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Qu’en est-il du répertoire choisi ?

Chaque année, les enfants vont apprendre trois pièces. Cette année, nous avons proposé à la Philharmonie de Paris un morceau traditionnel, une pièce instrumentale classique de la Renaissance et un Gospel. Nous essayons toujours de trouver du sens à notre répertoire en s’appuyant sur toutes nos entités et nos spécificités culturelles. Quand Jean-Michel Lesdel, notre chef d’orchestre, reprend Eloi et construit une orchestration pour tous les instruments, ce morceau prend de l’ampleur du fait du caractère symphonique et philharmonique de l’orchestre. Avec ce deuxième orchestre, ce sont près de 200 musiciens qui seront réunis en concert, un ordre de grandeur inimaginable en Guadeloupe.

(1) Raizet, Chazeau et Petit Pérou aux Abymes; Bergevin, Lauricisque et la Sortie Sud-Est (Darboussier, Chemin neuf, Carénage) à Pointe-à-Pitre et toute la Ville de Baie-Mahault du fait du partenariat avec le Sepsi (Service des équipements de prévention spécialisée et de l’insertion).

Communauté d’agglomération Cap Excellence
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