Davina Deregnaucourt, caribéenne dans l’âme
« Il y a ceux qui voient les choses telles qu’elles sont et qui se demandent pourquoi. Moi je les vois telles qu’elles pourraient être et je me dis pourquoi pas ! » Marc Levy
Après dix ans en métropole, Davina Deregnaucourt retourne en Martinique où elle revisite ses convictions sur la maternité et la vie professionnelle. Transformant les défis en opportunités, elle explore l’accouchement à domicile et l’éducation à la maison, et lance son propre livre et maison d’édition pour enfants.
Déconstruire…
Quand Davina Deregnaucourt rentre s’installer en Martinique, après 10 ans passés dans l’Hexagone, elle attend son premier enfant et rien ne se passe comme prévu : « J’avais l’impression de ne voir que ce qui n’allait pas, en termes d’infrastructures notamment. En cela le retour que j’avais désiré a été très compliqué, une vraie claque. »
Ces dernières années ont donc été celles de la déconstruction… déconstruction des certitudes… de ce qu’est la maternité… des carcans que l’on s’impose ou qui nous sont imposés. La chercheuse travaille alors comme professeure de maths-sciences en section Bac pro et CAP.
L’année du Covid, Davina est enceinte de son deuxième enfant, c’est aussi l’année où elle cesse d’enseigner : « Juste avant le confinement, je me souviens d’une de mes élèves qui m’a dit “Madame, on dirait que vous vous ennuyez”, et pourtant ce n’était pas ça, j’ai réellement aimé enseigner, j’ai apprécié la compagnie de mes élèves, mais j’avais besoin d’autre chose. »
… accueillir…
« Rien de ce que je vis ici n’était prévu. J’aime questionner le pourquoi de ce que je vis, de ce que je ressens, c’est un exercice difficile mais cela me permet de faire des choix en conscience. C’est sans doute la chercheuse en moi qui parle, mais je teste des idées. Comme lorsque j’ai décidé d’accoucher chez moi, par exemple.
La nature étant bien faite, pourquoi aller à l’hôpital ? Parce que j’ai peur ? Mais si mon corps avait su si bien gérer une grossesse alors j’étais convaincue qu’il pouvait aussi gérer l’accouchement. Aujourd’hui, j’ai décidé de faire l’école à la maison, j’en suis à la phase expérimentale (rires). Je teste l’idée si répandue que nos enfants nous empêcheraient de nous épanouir dans notre vie professionnelle.
Je suis en phase avec moi-même dans tout ce que j’entreprends car je considère qu’on a des missions à différents moments de notre vie, on se découvre alors sous un autre jour. »
… pour créer à son image
Loin de son parcours scientifique, Davina Deregnaucourt entreprend une formation autour du développement personnel et de la foi. La jeune femme se lance alors dans l’écriture : un abécédaire pour enfants, qui allie bienveillance et spiritualité ; le livre qu’elle avait tant cherché sans jamais le trouver. Faute d’éditeur, elle puise dans ses économies et autoédite son ouvrage à 1500 exemplaires, avant de se former à l’édition.
« Si je ne devais laisser qu’une seule chose à mes enfants, ce serait ce livre. Il exprime tout ce qui m’anime aujourd’hui, c’est leur dire : connaissez votre valeur, l’unique que chacun porte en soi et assumez-le pleinement. C’est cette graine que je veux planter chez tous les enfants et c’est de cette ambition qu’est née ma maison d’édition Kaz A Soley. » Laquelle édite depuis deux ans la KariBeBox, des coffrets originaux, mêlant littérature et activités manuelles, « autour d’une île de la Caraïbe, par des auteurs de la Caraïbe », créant ainsi un pont inédit et nécessaire entre les êtres et les îles.
Retrouvez cet article dans le hors-série Portraits Martinique n°2, édition 2024.