Renaissance 2.0, ou comment le 7e art se met au service du territoire
Culture. Le cinéma renaît de ses cendres au cœur de Lapwent, ville évoluant au fil des ans, noyau de changements profonds et de nouvelles infrastructures à vocations multiples. La pointoise Christelle Galou, directrice générale du Cinestar, mène la danse sur ce projet de « Renaissance ». (Texte Stacy Top)
Au 5 ter, Place de la Victoire, il y a quelques années de cela, se dressaient les vestiges du cinéma-théâtre La Renaissance. Sa façade art déco d’entre-deux-guerres, ses motifs spirales et ses ornements géométriques rappellent en tous points les Tower Theater de Miami et Los Angeles. En plus de leurs courbes et grilles complexes, les trois édifices partagent un même destin mouvementé. Érigées dans les années 30, les enseignes en grosses lettres lumineuses s’éteignent pour une période indéterminée à l’orée du XXIe siècle avant d’être réanimées quelques décennies plus tard. « Plusieurs générations de Guadeloupéens sont allées au Cinéma La Renaissance. Ce symbole touche au cœur, à l’âme des habitants de l’archipel », explique Christelle Galou.
« Le cinéma Renaissance by Caribbean Cinemas aura un volet “Art et Essai” important qui viendra compléter l’offre du Cinestar. »
Renaissance by Caribbean Cinemas
Une fois son diplôme en Hautes études commerciales en poche, l’enfant du pays pose ses valises chez elle, en Guadeloupe, et y entame son parcours au sein d’une multinationale dont le siège se situe à Porto Rico. Elle occupe pendant une dizaine d’années des fonctions relatives au bassin caribéen, avant d’être nommée à la direction du Multiplex Cinestar. Choisie par Lorraine Carrady, présidente de Cinestar, pour ses qualités de gestionnaire, la trilingue découvre un vivier de talents présents sur le territoire qu’elle ne peut s’empêcher de mettre en lumière. « Je voulais donner plus d’espace à ces cinéastes de chez nous, qui ont beaucoup de messages à transmettre. Le cinéma Renaissance by Caribbean Cinemas aura un volet “Art et Essai” important qui viendra compléter l’offre du Cinestar. »
Lorsque l’appel à projets Renaissance 2 est sorti, exigeant principalement une activité capable de redynamiser le centre-ville, c’est assez naturellement que Christelle Galou a posé la candidature de Caribbean Cinemas pour la construction et l’exploitation d’un cinéma de plusieurs salles.
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Un projet à 8 millions d’euros
Après avoir succombé à plusieurs années d’enlisement et à un incendie ravageur, le cinéma-théâtre renaîtra de ses cendres d’ici 2025. La première étape du projet sera la livraison d’une façade historique reconstruite à l’identique par Cap Excellence. « Notre démarche s’inscrit dans la volonté de préserver l’authenticité de la façade et de redynamiser le centre-ville. Nous finançons cette reconstruction à hauteur de 8 millions d’euros. En revanche, nous avons sollicité la Ville et l’État pour la création d’un parking d’environ 400 places qui pourrait se tenir devant le bâtiment, le long de la place de la Victoire, et permettrait au cinéma et aux commerces de la zone de se développer. C’est une condition qui nous parait indispensable au succès d’un tel projet. »
Renaissance 2.0 comportera cinq salles de projection équipées des technologies dernier cri, un restaurant avec accès direct à la place de la Victoire et variera les usages en proposant un espace de coworking, une salle équipée pour accueillir des pièces de théâtre et une cinémathèque. Autre exclusivité de ce projet, cette cinémathèque qui prévoit une collaboration avec l’association Apcag – qui a réalisé un travail colossal de collecte d’archives, d’images, de vidéo et de courts-métrages de toute la Caraibe ! –. « Cet espace permettra des consultations à tous ceux qui souhaitent en savoir plus sur leur patrimoine ».
Renaissance 2.0, c’est donc une démultiplication des usages, un futur pôle culturel et patrimonial qui pourra accueillir des artistes plasticiens dans le mini-hall d’expositions, des musiciens pour leurs présentations d’albums, des pièces de théâtre, des séminaires… Une démarche qui remet finalement au goût du jour les fonctions premières de l’ancien cinéma-théâtre.
Démarche responsable
Le projet se veut également éco-responsable, de la conception à la construction du bâtiment. La directrice générale du Cinestar évoque une problématique environnementale complètement intégrée : le choix des matériaux, la réflexion sur le traitement des déchets, l’aménagement intérieur alliant design moderne et incorporation d’éléments naturels. Pour aller plus loin, c’est dans son ancrage sur le territoire que le projet pourrait renforcer sa démarche responsable, par la création d’emplois au sein même du cinéma-théâtre et dans les commerces à proximité, par l’enrichissement de l’offre culturelle et patrimoniale et par les autres tournants éducatifs et culturels qu’il pourrait prendre : 900 m2 de nouveautés et d’activités palpitantes !