Élection disruptive : Catherine Rodap, à la tête du Medef Martinique
Double révolution : rencontre avec Catherine Rodap, première femme élue à la tête du Medef Martinique, et qui plus est, avocate.
Texte Alix Delmas – Photo Jean-Albert Coopmann
Vous avez été élue à l’unanimité le 22 septembre dernier par le conseil d’administration du Medef pour diriger le mouvement, une confiance qui vous engage. Quelle est votre vision du monde économique de notre territoire ?
Catherine Rodap : Nous vivons dans un monde en pleine mutation avec une résonnance sur nos entreprises et nos exercices professionnels. Nous sommes témoins au quotidien des profondes transformations de notre économie. La Martinique comme les autres territoires de l’Outre-Mer vit une période confuse et éprouvée économiquement et socialement, après avoir survécu à une crise sanitaire. Mais la Martinique vit également une période riche en opportunités. J’ai donc pleinement conscience des forces de notre territoire, en mouvement permanent, avec ses différences, ses contradictions… mais également ses potentialités et promesses d’unité dans la diversité. Le Medef Martinique porte en lui l’ADN de la construction, il sera de nouveau au rendez-vous des grands défis qui attendent le monde économique. Les entrepreneurs de la Martinique contribuent au bien commun par la création de richesse, d’emplois, par leur incessante capacité à innover. Nous sommes des acteurs du développement et du bien-être.
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Première femme élue à la tête de l’organisation patronale, vous êtes également avocate en droit des affaires au barreau de Fort-de-France depuis 32 ans. Quel sens donnez-vous aujourd’hui à votre nouvel engagement à la tête du Medef Martinique ?
Je tiens à préciser que je poursuis mon exercice professionnel d’avocate en tandem avec la présidence du Medef Martinique ; ce qui permet un croisement d’expériences et d’expertises au service de l’intérêt général de notre territoire. Je tiens à exprimer ma fierté de présider notre Mouvement dans toute sa richesse et sa diversité. Je suis également très reconnaissante à l’engagement de tous nos membres. Je continuerai à renforcer notre force d’engagement :
• En valorisant les initiatives entrepreneuriales, individuelles ou collectives, de toutes tailles et tous secteurs ;
• En construisant une responsabilité durable de nos entreprises qui sont dans l’engagement permanent de recruter, de fidéliser leurs collaborateurs, avec un besoin de cohérence, de congruence, mais également de stabilité financière et de rentabilité ;
• En dynamisant notre communication sur le territoire afin que nous soyons plus accessibles et encore plus ancrés sur le terrain.
Le Medef de la Martinique veut concourir à assurer l’avenir de nos jeunes un territoire viable, avec une attitude positive et constructive.
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Comment vont les entreprises martiniquaises en cette fin d’année 2023 ?
Nos entreprises du territoire ne cessent de multiplier les efforts sinon les sacrifices financiers afin de maintenir une fragile stabilité économique ; parvenant difficilement pour certaines à rembourser leur prêt PGE ; même si une prolongation sur 10 ans est possible dans le cadre d’une procédure en conciliation ouverte aux entreprises qui ne se trouvent pas en cessation des paiements depuis plus de 45 jours. Dans ce contexte délicat, nos entreprises devront faire face aux enjeux des réformes cardinales qui concernent notre territoire :
1- La PLF 2024 qui retrouve une vision stricte de la défiscalisation attachée au seul périmètre de l’entreprise.
2- La réforme sociale « LADOM 2024 » : à compter du 1er janvier 2024, LADOM cessera les prescriptions de formation professionnelle dans une logique de rationalisation de l’action publique, qui se traduira par le transfert de cette activité à Pôle Emploi
3- Le projet de réforme des sur-rémunérations des fonctionnaires avec une incidence sur le pouvoir d’achat au regard de la vie chère, et nécessairement un impact négatif sur nos entreprises, et le développement de notre territoire
4- La réforme de l’octroi de mer demandée par le gouvernement. Même si le risque et l’audace font partie de l’entrepreneuriat qui a une exceptionnelle capacité de travail, il est important que les réformes annoncées ne mettent à rude épreuve nos entreprises qui constituent une part importante du système économique.