Bio Stratège, faire fructifier les trésors de l’Amazonie Française

Né en 2019, Bio Stratège est le premier laboratoire industriel dédié à la valorisation et à l’innovation végétale en Guyane. La start-up ambitionne désormais de faire du territoire le pôle français de la technologie verte.

Mariana Royer, fondatrice de Bio Stratège © Mathieu Delmer
Adeline Louault

Né en 2019, Bio Stratège est le premier laboratoire industriel dédié à la valorisation et à l’innovation végétale en Guyane. La start-up ambitionne désormais de faire du territoire le pôle français de la technologie verte.

Par Adeline Louault – Photo Mathieu Delmer

« Je suis passionnée par la nature et son pouvoir. Après une expérience entrepreneuriale au Québec, j’ai souhaité revenir chez moi pour développer une industrie verte à partir de notre exceptionnelle biodiversité », explique Mariana Royer, docteure en chimie des espèces naturelles. Approvisionné par les agriculteurs locaux en matières premières — espèces fruitières (wassai, roucou, pitaya…), rhizomes (curcuma, gingembre) et plantes médicinales (couachi, citronnelle, cannelle, atoumo) —, Bio Stratège conçoit, fabrique et commercialise des ingrédients naturels et écologiques à destination des marchés à haute valeur ajoutée tels que la nutraceutique (industrie des compléments alimentaires), la cosmétique ou le phytosanitaire. Car, pour répondre aux enjeux de la transition écologique, les industriels sont en recherche d’alternatives vertes aux composants pétrochimiques ou synthétiques entrant dans la formulation de leurs produits. « La position unique du territoire offre une alliance idéale entre les bioressources qu’il abrite, les garanties environnementales européennes et les standards de qualité et de traçabilité français », défend la présidente de Bio Stratège.

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Bio Stratège, une entreprise, trois métiers

Représentant actuellement 58 % de son chiffre d’affaires, la R&D de pointe est l’activité phare de la start-up qui travaille pour plusieurs grandes marques françaises. Mais, entre les analyses, les tests et les ajustements technologiques, le cycle de vente est long. Aussi, pour soutenir financièrement son cœur de métier, Bio Stratège développe deux autres activités. Grâce à son laboratoire hautement équipé, l’entreprise fait du contrôle qualité de bioressources et du développement sur-mesure pour le compte d’autres entreprises. Enfin, elle a lancé trois gammes de produits en cosmétique, nutrition et herboristerie. « Cela nous a permis d’amorcer notre modèle économique. »

Aujourd’hui, Mariana Royer et son équipe de neuf collaborateurs sont à la croisée des chemins. « Les fournisseurs et les clients nous font confiance. Afin de répondre aux commandes qui se multiplient, il faut accélérer et industrialiser notre modèle. » Pour gagner en productivité et en qualité, Bio Stratège doit ainsi acquérir des équipements automatisés, investir dans des broyeurs et dans des cuves d’extraction capables de traiter plus de volume, financer les formations sur les nouvelles machines, disposer de pièces de rechange, etc. Enfin, sur le plan des RH, il devient nécessaire de soulager les salariés en embauchant davantage. « Actuellement, on est tous des couteaux suisses ! Il faudrait que chacun puisse avoir un délégué sur lequel s’appuyer. »

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Une Silicon Valley du vert en Guyane

L’industrialisation du laboratoire va de pair avec la création d’AmazonActiv Valley, une sorte de Silicon Valley du vert. Un rêve que Mariana Royer caresse depuis longtemps. « Si la Guyane a su devenir une référence de la recherche spatiale, elle peut l’être aussi en matière de greentech », affirme la chimiste qui ambitionne, avec ce concept, de réunir en un seul lieu le fleuron de la recherche et de l’économie dédiées aux ressources naturelles locales et d’y faire naître de nouvelles entreprises. Si le foncier est déjà trouvé, Bio Stratège doit désormais convaincre les investisseurs et les acteurs politiques pour boucler le projet.


Retrouvez cet article dans le hors-série Outre-mer Innovation.