Béatrice Souillet, en mode durable
Elle est la fondatrice du tiers-lieu l’Admerane, où se rencontrent couturières, stylistes et autres aficionados de la mode, professionnels ou amateurs, autour d’un projet : rendre la création locale plus durable, coopérative et responsable.
Elle est la fondatrice du tiers-lieu l’Admerane, où se rencontrent couturières, stylistes et autres aficionados de la mode, professionnels ou amateurs, autour d’un projet : rendre la création locale plus durable, coopérative et responsable.
Texte Amandine Ascensio
PRINCESSE.
Sa rencontre avec la mode, c’était au carnaval, petite, quand elle a demandé à sa mère un costume de princesse. « J’ai été éblouie de voir qu’on pouvait faire quelque chose d’aussi beau avec du tissu », raconte Béatrice Souillet, qui se remémore des volants, des paillettes et, bien sûr, une baguette magique de fée.
STYLISME.
Son parcours professionnel ? Une succession de passages dans les milieux de la création et de la culture. « J’ai travaillé en agence, j’en ai même créé une avec ma sœur,
j’ai monté des projets culturels pour une commune en Guadeloupe, j’ai organisé des défilés,desrencontresdecréateursdemode… », énumère-t-elle. Jusqu’à la création du tiers- lieu l’Admerane, elle observe ce monde de la mode qui la passionne et prend du recul sur son fonctionnement.
L’effondrement d’un bâtiment au Bangladesh, en 2013, et son millier de morts est une grosse prise de conscience. Le constat de la surconsommation des vêtements aussi.
« Aux Antilles, on aime s’habiller et s’apprêter. Mais on ne sait pas ce que ça nous coûte, écologiquement parlant. »
COVID.
Le déclic. La pause forcée du confinement conduit Béatrice à réfléchir différemment. Radicalement. Durant cette période, elle perd sa mère, sa première source d’inspiration qui donnera aussi le nom au tiers-lieu.
« L’Admerane, c’est un composé du mot admiration et du prénom de ma maman », confie-t-elle, toujours très émue à cette évocation. Durant la période Covid, elle réfléchit tous azimuts et ne s’interdit rien.
« Je voulais faire du textile avec les plantes, avec celles qu’on a ici, sensibiliser à ce milieu que j’aime tant. » L’association qui porte le tiers-lieu s’appelle « Un nouveau mode », comme un appel à tout changer.
UP-CYCLING.
Le surcyclage, c’est l’art de faire du neuf avec du vieux. Une forme de réemploi de la matière première, le tissu, déjà produit ou transformé. Au tiers-lieu, elle a installé des machines à coudre, des machines numériques, des chevalets où s’exposent les croquis. Elle sait coudre mais ce qu’elle préfère, c’est dessiner.
« Les vêtements qu’on produit ici sont beaux et pourtant ils proviennent de déchets. » Elle pointe du doigt un manteau, manches trois-quarts, coupe droite, un peu caban militaire, moderne et réalisé en tissu d’ameublement un peu désuet. Du meilleur effet.
MARQUE.
Béatrice fourmille d’idées et de projets. « Je n’aurais jamais assez d’une vie pour tout faire », plaisante-t-elle. Dans le futur, elle imagine faire de son tiers-lieu le carrefour de la mode éco-responsable locale. Impulser une filière.
Elle s’implique dans les écoles, les formations autour de la mode, notamment au lycée Chevalier Saint-Georges. « Motivation, détermination, endurance », martèle-t-elle aux jeunes mais aussi à qui veut l’entendre. Et puis, elle nourrit le projet de lancer sa marque de vêtements upcyclés. Du made in Guadeloupe.
Retrouvez cet article dans le hors-série Portraits Guadeloupe de mars 2024.