Avec l’IEDOM, 1 feuille de route pour 3 territoires
Fraîchement nommé à la tête de l’Institut d’Émission des Départements d’Outre-Mer (IEDOM) pour la Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy, François Groh entend mettre à profit ses quatre prochaines années pour contribuer à son développement et son fonctionnement dans l’archipel de la Guadeloupe et sur les îles du Nord.
Trois territoires distants, n’est-ce pas compliqué à gérer pour l’IEDOM ?
François Groh : La population de chaque territoire doit pouvoir disposer de la même qualité de service. C‘est, en effet, plus compliqué lorsque l’on est distant, mais on s’investit et on se déplace pour que cela soit une réalité.
Pour Saint-Martin, une réflexion est en cours pour accroître notre présence afin d’accompagner plus fortement le développement de l’île avec le souhait également de collaborer avec la partie hollandaise. J’ai quatre ans pour construire la solution, tout en espérant que cela soit plus rapide.
Sur la Guadeloupe, l’IEDOM pourra utilement accentuer sa présence auprès des élus locaux, notamment avec le Conseil régional qui mérite des échanges plus réguliers, car il a en main les clés de l’économie. Ce dernier pourra s’appuyer sur l’IEDOM, pour la formation et l’information des travailleurs sociaux concernant les dispositifs de résolution de surendettement des ménages et de droit aux comptes. L’adaptation est une nécessité, et là où il y a du public nous nous devons d’être présents.
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Quelle est votre feuille de route ?
Il s’agit de maintenir la qualité de l’observation économique de manière irréprochable. Le second point sera de renforcer la résilience du fiduciaire, tous les citoyens devant avoir le choix du moyen de paiement sur le territoire. Cela implique qu’il soit sûr, disponible et accessible. C’est notre mission d’observer la qualité des moyens de paiements et de mettre les espèces à disposition, car on ne peut les faire disparaître sur des territoires soumis à l’intempérie ; sans électricité, le seul moyen qui reste est le billet de banque. La Banque de France observe les points de distribution et majoritairement les DAB. Aujourd’hui, le pourcentage de la population distant de 5 mn est de 93 % et cela se dégrade un peu. Distant de 10 mn, on passe à 98 % de la population et à 15 mn, c’est 99,5 %. On sait qu’inévitablement le nombre de DAB va diminuer, ne serait-ce que par la fusion des banques, mais la qualité et ces distances ne doivent pas diminuer. Le parc est stable pour le moment à St-Martin et St-Barth, se concentre légèrement en Guadeloupe, le tout largement compensé par une augmentation du nombre des points d’accès privatifs.
Quelles sont les missions de l’IEDOM vis-à-vis des entreprises ?
En tant qu’observateur impartial, l’IEDOM délivre une cotation (à partir de 750 000 € de chiffre d’affaires) à destination du système financier, qui va lui permettre d’évaluer le risque. Nous sommes aussi à l’écoute des chefs d’entreprise, car les chiffres restent des chiffres, et ce sont les êtres humains qui sont importants, tout comme leur capacité à porter les projets. La cotation est un outil facilitant l’obtention des crédits. Si l’entreprise est mal cotée, elle peut faire appel à l’IEDOM pour expliquer ses difficultés. La cotation sera moins impactante si l’on pense qu’elle a la capacité de rebondir. Mais globalement, malgré un marché contraint dû à l’insularité et une industrialisation relativement faible, il y a une bonne dynamique économique sur les trois territoires.
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Les particuliers sont-ils concernés par l’IEDOM ?
Pour les particuliers, ce sont les dossiers de surendettement qui constituent notre priorité, d’autant que l’on note une augmentation en Guadeloupe, comme au national. Sur les 12 derniers mois, le flux est de 600 dossiers (dont 17 pour Saint-Martin). Il y en a certainement plus, mais la peur d’afficher ses difficultés, la solidarité familiale, le développement de l’économie informelle et la méconnaissance des procédures existantes faussent la donne. En faisant appel à L’IEDOM, notamment lors des permanences mensuelles, ils peuvent trouver une solution ; pendant la mise en application de la procédure (environ 3 mois), les relances et prélèvements des créanciers sont suspendus.
Le message de l’IEDOM aux entreprises : ne pas rester seul !
Je suis admiratif des chefs d’entreprises. Ils sont souvent très optimistes, mais parfois découragés et l’IEDOM est là pour les écouter. Notre vision globale de l’économie, notre connaissance des différents secteurs d’activités, nous permet de les orienter. On connaît aussi bien les services administratifs que les banquiers, et on peut décrocher notre téléphone pour aider et leur faciliter l’ouverture des portes. Nous disposons de la médiation du crédit, mais il existe aussi des dispositifs, d’État, régionaux, qui sont là pour les soutenir. Aider les entreprises en souffrance est aussi notre mission, et ce, quels que soient l’entreprise et son chiffre d’affaires !
Le rapport annuel économique 2023 de l’IEDOM
Comme chaque année, l’IEDOM a publié son Rapport annuel économique et financier pour chaque territoire. Ce rapport présente de manière détaillée la situation économique et financière de l’île, au travers de données chiffrées et d’analyses sectorielles. Édité plus tôt que les années précédentes, il analyse chaque secteur d’activité et, c’est une première, les thématiques ont été homogénéisées pour les différents territoires afin de rendre comparables toutes les données. Il est consultable dans son intégralité sur www.iedom.fr.