Avec l’AMPI, cap sur la souveraineté industrielle

Sous l’impulsion de l’Association martiniquaise des producteurs industriels (AMPI) et de son président Charles Larcher, la Martinique s’apprête à écrire un nouveau chapitre industriel. À la clé : emplois qualifiés, savoir-faire local et dynamisme économique.

Charles Larcher, président de l'AMPI - Credit Photo Jean-Albert Coopmann
Marie Ozier-Lafontaine

Souveraineté industrielle : un défi crucial

Face aux défis actuels, la souveraineté industrielle devient un enjeu de taille pour la Martinique. Pour Charles Larcher, président de l’AMPI, « il s’agit de choisir, avec les acteurs institutionnels et économiques de l’île, les secteurs stratégiques qui soutiendront notre économie locale ». Grâce à une vision partagée avec la Collectivité territoriale de Martinique (CTM), l’État et le secteur privé, l’AMPI souhaite bâtir une industrie forte où la production locale répond aux besoins du territoire et peut relever des challenges tels que l’autonomie alimentaire. « Transformer local-ement les produits agricoles locaux comme les matières premières importées nous permet de garantir sécurité alimentaire et création de valeur. »

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Selon l’AMPI, un levier pour des emplois qualifiés et un savoir-faire local

« Produire localement, c’est créer quatre fois plus d’emplois qu’en important des produits finis, avec un meilleur taux de rémunération », explique M. Larcher. Avec de nombreux postes qualifiés à la clé, le projet de souveraineté industrielle offrira aux Martiniquais, et en particulier à la jeunesse martiniquaise, des perspectives professionnelles solides. De l’ingénierie aux forces commerciales en passant par le contrôle qualité, l’éventail de métiers ouverts vise à répondre aux besoins locaux, avec des salaires attractifs. Aujourd’hui, le salaire moyen dans le secteur est de 39 000 euros bruts, soit 11 % de plus que le revenu moyen du secteur privé. « Le savoir-faire local est un atout majeur ! » assure Charles Larcher, qui souligne l’importance de structurer une offre de formation à la hauteur des besoins, à l’image du partenariat entre le lycée Schœlcher et l’Institut national des sciences appliquées (INSA).

Le “touristriel” : le tourisme industriel en expansion

Le patrimoine industriel de la Martinique séduit de plus en plus de visiteurs, qui ne se limitent plus au tourisme balnéaire. Avec ce concept de touristriel, Charles Larcher ambitionne de promouvoir le tourisme industriel, à l’image du spiritourisme, qui attire déjà plus de 700 000 curieux chaque année autour des distilleries. L’idée est de faire découvrir aux visiteurs le savoir-faire martiniquais, comme le fait déjà l’entreprise DENEL, en proposant la visite de son usine de transformation de fruits locaux. « Nous avons là une richesse unique qui raconte notre histoire économique et industrielle », explique M. Larcher. « Le potentiel est immense, cette stratégie offre une visibilité nouvelle aux entreprises locales tout en élargissant l’offre touristique martiniquaise ».

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Avec l’AMPI, une stratégie industrielle pour renforcer le pouvoir d’achat 

L’objectif de l’AMPI est clair : produire davantage localement pour créer plus d’emplois sur le territoire et favoriser la consommation locale. « Actuellement, nos usines ne fonctionnent qu’à 15-20 % de leur capacité, contre 60 % en moyenne dans l’Hexagone. Redynamiser la production locale pourrait avoir un effet direct sur le coût des produits tout en améliorant le pouvoir d’achat. Plus nous produisons sur place, plus les produits locaux deviennent abordables pour l’ensemble des consommateurs martiniquais », explique Charles Larcher. À l’invitation de la CTM, l’AMPI travaillera dès début 2025 à bâtir un schéma de développement avec les acteurs industriels de l’île, pour créer un cadre stratégique apte à séduire les investisseurs locaux, français et européens.
« Un tel projet est un signal positif pour les investisseurs, les jeunes en formation mais aussi pour les entreprises locales, car il est la preuve d’une Martinique dotée d’une vision claire, d’un plan d’actions solide pour construire l’avenir de l’industrie martiniquaise », conclut-il.

AMPI
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