Pour Angèle Dormoy : « Le bonheur, c’est celui que l’on se crée »

Angèle Dormoy - Credit Photo Thomas Proust
EWAG

Au-delà de la réussite sociale, Angèle Dormoy est toujours la petite Saint-Martinoise qui veut voir grandir son île. Une quête intime et heureuse.

Texte Ann Bouard – Photo Thomas Proust 

Le parcours d’Angèle Dormoy

À la tête de plusieurs entreprises et Présidente de la Chambre consulaire interprofessionnelle de Saint-Martin, elle incarne la réussite sociale. Intelligente, bosseuse, perfectionniste, aussi exigeante avec elle-même qu’avec les autres, d’une force de caractère peu commune, elle ne doit sa place qu’à sa seule volonté. Mais Angèle Dormoy est aussi une femme qui croit en ses rêves, en sa famille de chair et de cœur, en son île, en l’amour.

« Je suis exactement où je voulais être dans mes rêves »

Elle a eu le parcours de bien des petites saint-martinoises de son époque, pourtant pas si lointaine, où les parents devaient faire le sacrifice de partir pour offrir une meilleure éducation à leurs enfants. De sa scolarité en Martinique, elle garde le souvenir d’une enfance pauvre mais heureuse. BAC en poche, il lui a fallu cependant partir plus loin encore, cette fois avec un triple challenge, obtenir une bourse, trouver un logement et être acceptée dans une université. Ce fût la métropole et Bordeaux. La jeune fille timide est confrontée à la vie hors du cocon familial, mais elle sait que de sa capacité à faire des études dépend son autonomie future. Elle se fixe des objectifs pour y arriver, pour que sa famille soit fière. Elle cumule les petits boulots et les diplômes : Deug, licence, maîtrise, langue étrangères appliquées et surtout parce que cela est déjà une passion un DESS de gestion d’entreprises. Contactée à la fin de son parcours universitaire par des chasseurs de têtes, elle préfère refuser les postes de grosses entreprises internationales pour revenir à Saint-Martin.

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Pour Angèle Dormoy : « Saint-Martin est l’amour de ma vie. Mon cordon ombilical y est enterré ! »

Dans son cœur et dans sa tête, elle est toujours la petite saint-martinoise qui veut voir grandir son île. Mais la jeune fille timide a quitté sa chrysalide. Elle revient en 1995 juste avec le cyclone Luis. S’il fallait encore se forger le caractère ce fut chose faite car l’heure était à la réorganisation, au nettoyage, à la distribution de denrées. Naturellement elle prend les choses en mains. Vingt-deux ans plus tard l’histoire se répètera et à nouveau elle sera là pour aider son prochain. Les épreuves ne font que conforter l’amour qu’elle porte à l’île et à sa population aux couleurs et cultures différentes et à cet esprit si particulier qui l’anime. Des spécificités qui font que Saint-Martin est ce qu’elle est avec une vraie identité, qu’elle aimerait que l’on reconnaisse. C’est l’un de ses chevaux de bataille tout comme le développement de l’embauche locale, la consolidation du tissu économique et tout ce qui peut rendre Saint-Martin encore plus attractive et plus forte.

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Optimiste et croyante

Elle envoie des SMS au milieu de la nuit, pour le travail ou à ses amis, rédige ses courriers entre deux réunions, défend les intérêts de Saint-Martin sur le territoire ou à Paris, mais en aucun cas ne sacrifie une réunion familiale ou une demande d’aide. Cette dualité entre femme d’affaires et femme de cœur peut surprendre, mais elle a cette qualité rare de savoir cloisonner l’instant et de porter son attention, intensément, sur chaque chose qu’elle fait. Quand on lui en fait la remarque, elle rétorque qu’il est impensable de vivre à St-Martin sans avoir cet amour de l’autre, sans vouloir redonner aux autres un peu de ce que l’on a gagné. Un amour qu’elle donne aussi sans compter à sa famille, sa tribu, qui est depuis toujours son moteur et son soutien. « Le bonheur se trouve dans les choses les plus simples », résume-t-elle, « un sourire ou un arc-en-ciel pour me rappeler qu’il y a la vie après la tempête ».