À chaque région, sa marque employeur ?
Secteur public/secteur privé, même combat. Et si, pour attirer les meilleurs talents et renforcer ses effectifs, la fonction publique optait, elle aussi, pour une approche stratégique de la marque employeur ? Analyse.
Texte Sarah Balay
Les régions et les marques employeurs
« Au Département, je sais pourquoi je me lève le matin. J’aime faire grandir les enfants. » Un slogan accompagné d’un visage, celui d’une quinquagénaire souriante, Véronique, directrice de la protection de l’enfance et des familles. On aperçoit aussi Tiago qui « aime sécuriser les routes », ou Cédric qui « aime faire de chaque repas des collégiens un moment unique ».
Depuis plusieurs semaines, le département de Seine et Marne fait mouche avec une campagne d’affichage 100 % marque employeur. Depuis 2020, le département travaille au développement d’une stratégie pour lutter contre les difficultés de recrutement et gagner en visibilité. En 2022, il entre en action en mettant l’accent sur ses points forts pour attirer de futurs collaborateurs : revalorisation des salaires, de la qualité de vie au travail, accessibilité des formations, engagements sociétaux (inclusion professionnelle des personnes en situation de handicap, lutte contre le harcèlement scolaire…), etc.
Une démarche que d’autres collectivités ont aussi entreprise comme le département des Yvelines qui a rénové, pour l’occasion, ses canaux de communication digitaux. Des vidéos de salariés présentant leur métier ont désormais bonne place sur le compte entreprise LinkedIn et le site internet dédié au recrutement. Quatre territoires de la Nouvelle Aquitaine expérimentent, quant à eux, le dispositif « la Marque employeur territorialisée » qui a déjà mobilisé plus de 40 entreprises industrielles du secteur. À l’échelle régionale, l’Alsace est en bonne position avec le développement, depuis deux ans, d’une marque employeur territoriale. Baptisée Bien vivre en Alsace, elle s’inscrit en complémentarité de la marque employeur de chaque entreprise. La Bretagne n’est pas en reste avec une marque (Den qui veut dire l’être humain en langue bretonne) créée par quatre centres de gestion de la fonction publique et dont la spécialité est de casser les codes via l’humour.
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Mutualiser les moyens
Elle est d’ailleurs citée en exemple dans un rapport sénatorial* rendu public en mars dernier sur l’attractivité de la fonction publique territoriale particulièrement mise à mal confirmant toutes ces actions menées par les collectivités. Les chiffres prouvant la dégradation de l’attrait de ces métiers sont, en effet, alarmants : par exemple, le nombre moyen de candidats pour un poste offert est passé de 16 en 1997 à 6 en 2022 ; le nombre de candidats aux différents concours a été divisé par trois entre 1997 (650 000 candidats) et 2018 (228 000) et 39 % des employeurs territoriaux disent éprouver des difficultés à attirer des candidats en 2021, soit 9 points de plus qu’en 2015.
En cause : une crise des vocations, la remise en question de la sélection par concours perçue comme « longue et complexe », le niveau de rémunérations souvent plus faible que dans les filières du secteur privé, un management perçu comme « trop hiérarchique », la méconnaissance autour de la filière d’emploi et un manque d’information quant aux postes à pourvoir.
Selon le rapport, une réflexion pertinente autour de la marque employeur pourrait changer la donne. Pour autant, les sénateurs ne recommandent pas une marque employeur « unique de l’État » et encore moins une multiplicité de marques au sein d’un même territoire. Ils préconisent davantage « une marque employeur plus large, au niveau des grandes métropoles, des intercommunalités, des départements ou des régions. L’objectif est de « mutualiser les moyens, de mettre en avant une identité qui rassemble plusieurs communes et de valoriser à la fois le territoire et les métiers locaux ». Les auteurs encouragent également l’utilisation de toute la palette des outils numériques (site internet, réseaux sociaux), d’associer les élus et les équipes locales et d’avoir recours à un cabinet spécialisé au besoin.
*Catherine Di Folco, sénateur du Rhône (App. Les Républicains) ; Cédric Vial, sénateur Savoie (ratt. Les Républicains) et de Jérôme Durain, sénateur Saône-et-Loire (socialiste, écologiste et républicain).
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Une plateforme des métiers En février 2022, le gouvernement lançait choisirleservicespublics.gouv.fr, la première plateforme de marque employeur des services publics. Un premier pas pour lutter contre la désaffection croissante, en particulier des jeunes, vis-à-vis de la fonction publique. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le site souhaite inverser la tendance en attirant de nouveaux talents, via des dizaines de milliers d’offres d’emploi, des informations sur les métiers, des campagnes de recrutement par concours et des opportunités de carrières dans les trois fonctions publiques, de l’État, territoriale et hospitalière. |