30 ENTREPRENEURS DE MOINS DE 30 ANS

Photographie d’une génération d’entrepreneurs antillo-guyanais. Qu’est-ce qu’ils retiennent de leur expérience comme chef d’entreprise ? Quelle étape avaient-ils le plus sous-estimé ? Quelle a été leur meilleure décision ? Leur meilleur soutien ? Leur meilleur investissement ?... Ils sont 30 à nous avoir partagé leur expérience.

Lou Denim Jean-Albert Coopmann
Sarah Balay, Alix Delmas, Laetitia Juraver, Laurie-Anne Antoine, Yva Gelin
entrepreneur
Jean-Albert Coopmann

Timothée Augier de Moussac, 29 ans, fondateur de Lokaphone en 2023

« Être entouré d’un réseau d’entrepreneurs me fait gagner du temps et de l’énergie »

« Le Village by CA est ma meilleure expérience. Ce sont des professionnels disponibles, des formations, des accompagnements sur la stratégie marketing et commerciale de mon entreprise Lokaphone, spécialisée dans la location et la gestion de flotte de smartphones et tablettes. On ne peut avancer seul, il faut savoir bien s’entourer. Je me suis lancé dans l’entrepreneuriat dès l’âge de 18 ans avec deux autres sociétés que j’ai créées. Je suis attaché à cette liberté de penser et d’agir. Être chef d’entreprise requiert de l’endurance, de l’acharnement même. Comme le surf, sport que je pratique, les moments de plaisir sont parfois très courts et se méritent. Exemple ? Le dernier gros contrat signé (sourire). »

entrepreneur
Jean-Albert Coopmann

Klarysse Coppet, 29 ans, fondatrice de Aquaventures en 2023

« C’est une histoire de transmission. Heureusement nos chemins se sont croisés ! »

« En Martinique, nous dépendons à 85 % des importations pour nos denrées alimentaires. La crise du Covid a accéléré la prise de conscience. Nous souhaitons produire 130 tonnes de loup des Caraïbes d’ici 2029. Aquaventures a acquis 49 % des parts d’Ombrine Aquaculture. Son fondateur, Philippe Villanove qui partira à la retraite d’ici 3 ans, nous transmet son savoir-faire. Nous avons également bénéficié d’une subvention de France Agri Mer pour notre ferme aquacole au Marin et sommes en cours de financement pour l’écloserie. Nous sommes par ailleurs lauréats du réseau Entreprendre. Notre plus belle expérience ? L’équipe constituée. Nos liens sont solides, nous travaillons sur du vivant, c’est passionnant. Nous souhaitons avoir un impact positif sur la santé publique grâce à notre activité. » 

entrepreneur
Jean-Albert Coopmann

Kimberley Demagny, 29 ans, fondatrice de Caribeart en 2018, The Epicentrum en 2023 et arTech en 2024

« Une dépense à ne pas regretter ? Les salons spécialisés, ce sont de formidables accélérateurs ! »

« En 2024, j’ai été présente à deux salons, Vivatech et le Museum Connections. Pour ce dernier, nous étions avec une autre Guadeloupéenne, les premières de notre île à disposer d’un stand dans le plus important salon d’Europe. C’était une immense fierté, et une incroyable visibilité dont je me suis saisie pour annoncer le lancement de ma troisième société arTech, conçue à la fois comme un centre de formation et d’exploration à l’intersection des arts et de la technologie. J’ai également co-fondé la Caribbean Creative Alliance, une fédération qui réunit les professionnels des industries culturelles et créatives et qui permit de lancer le premier incubateur d’artistes sur 22 territoires caribéens (programme Unesco Caraïbes) ! »

entrepreneur
Jean-Albert Coopmann

Orlane Tancons, 22 ans, co-fondatrice d’Orlane & Celian, du Pass Peyi et créatrice de contenu depuis 2023

« Il n’y a pas de meilleur moment pour se lancer que durant ses études »

« Célian et moi avons débuté notre parcours de chefs d’entreprise sous le statut d’étudiant-entrepreneur, ce qui nous a permis d’aménager nos études en conséquence. Nous avons débuté en France hexagonale mais il est également possible d’obtenir ce statut en Guadeloupe. Il s’agit d’une très belle opportunité pour tout jeune de la Caraïbe qui souhaite se lancer. Entreprendre sous ce statut revient à bénéficier de beaucoup de soutiens, tout en ayant beaucoup moins de responsabilités. Incubés à la FabriK, nous avons également été lauréats du Grand Prix Fabienne Youyoutte. Nous avons remporté les prix du public et de la Région Guadeloupe. Nous ne pouvions pas rêver mieux pour développer notre projet et faire rayonner la Guadeloupe. »

entrepreneur
Lou Denim

Kassandre Nabajoth, 20 ans, fondatrice de Ti Koze, créé en 2021

« Au démarrage, je n’ai reçu aucune aide si ce n’est celle de mes parents »

« J’avais 17 ans quand j’ai fondé Ti Koze. Ça a été le parcours du combattant pour obtenir des aides ou une quelconque distinction du fait de mon jeune âge, en dépit des nombreux programmes auxquels j’ai pu prendre part. Ti Koze est né de la volonté de valoriser notre patrimoine, le créole. C’est aujourd’hui près de 7 000 jeux vendus entre la Guadeloupe, la Martinique et Paris, et ça continue. Je ne remercierai jamais assez mes parents pour leur soutien. Si j’avais un conseil à donner aux jeunes Guadeloupéens qui entreprennent de plus en plus, par ailleurs, ce serait de ne jamais abandonner. »

entrepreneur
Jean-Albert Coopmann

Yael Blezes, 28 ans, fondatrice de VTL Locks en 2021

« La gestion des ressources humaines est la partie la plus cachée de l’iceberg de l’entrepreneuriat. Une équipe mal soudée, c’est un business qui coule. »

« Ce n’est pas donné à tout le monde de savoir gérer des équipes. De mon expérience de chef d’entreprise, entre les salons de coiffure, le lancement de notre gamme de produits conçue pour sublimer les locks, l’animation des réseaux partenaires, j’ai compris qu’en prenant soin de mes salariés, ils prendraient soin de mon business. Il s’agit d’être juste dans sa relation. J’ai aussi une office manager qui m’assiste sur la gestion administrative, ce qui me permet de me concentrer sur la stratégie et continuer à développer VTL Locks dont le marché ne cesse de croître. Mon plus grand soutien ? Mes clients, certains sont devenus des amis. 90 % de ma publicité provient des réseaux sociaux. »

entrepreneur
Jean-Albert Coopmann

Axelle Macabre, 22 ans, fondatrice de Just Click et Kings, solutions de communication pour les entreprises et collectivités, créées en 2020 et 2023

« J’ai commencé en proposant mes services bénévolement à des entreprises » 

« La fibre entrepreneuriale est là depuis le lycée, mélangée à une passion pour la communication. J’ai commencé à apprendre à communiquer pour mettre en avant les services de la société de mon père. Puis pour acquérir davantage d’expérience, j’ai décidé de proposer mes services bénévolement à des entreprises et associations. C’est finalement à la suite d’un défi lancé par mon oncle que j’ai créé ma première entreprise. Aujourd’hui, je suis également étudiante en master à la Kedge Business School de Bordeaux, et j’aimerais ensuite découvrir le monde de l’entreprise du point de vue d’une salariée. C’est peut-être étrange à dire, mais ayant commencé à 18 ans, je n’ai pas une expérience conventionnelle du monde du travail. »

Mathieu Delmer

Manon Baugé, 27 ans, fondatrice de Manon Pet Sitter, service de garde d’animaux à domicile, en 2024

« Il faut savoir s’écouter et de dire non quand il le faut »

« Depuis toute petite, j’ai su que je voulais travailler avec les animaux. J’ai d’abord travaillé à Maxi Zoo puis à Morpho Vet en tant qu’assistante vétérinaire, mais je n’avais qu’une envie : créer ma propre entreprise. Le 1er janvier 2024, j’ai lancé Manon Pet Sitter, après avoir constaté que beaucoup de Guyanais cherchaient des gardiens pour leurs animaux de compagnie. D’abord, j’ai jonglé entre ce projet et mon poste à la clinique, mais rapidement, je me suis consacré à ma boîte à plein temps. Au quotidien, mon statut me demande beaucoup d’organisation, que ce soit pour la répartition de mes gardes comme pour le suivi de ma comptabilité à raison de 2 à 3h par semaine. Ce que je retiens avant tout, c’est l’importance de se préserver pour avoir une meilleure qualité de vie et faire ce qui nous tient à cœur ».

entrepreneurs
Jean-Albert Coopmann

Mélanie Duarte, 27 ans, fondatrice de Illotaf, plateforme de recrutement dédiée aux jeunes travailleurs indépendants, en 2022

« S’associer exige la plus grande prudence »

« J’ai toujours eu l’ambition de créer mon entreprise. En rentrant au pays après mes études, faute de trouver un emploi satisfaisant, je me suis lancée. L’idée de s’associer avec une connaissance peut être très intéressante au départ, mais cela exige la plus grande prudence, de l’analyse et de la communication. Pour ma part, j’ai voulu aller trop vite et j’ai manqué de recul. Résultat : une collaboration contre-productive, une perte de temps et des conflits inutiles ! S’associer avec quelqu’un avec un objectif de rentabilité n’a rien à voir avec une relation amicale. Il est primordial d’échanger en amont et de se poser les bonnes questions : quelles sont nos compétences respectives ? Nos modes de fonctionnement et façons de travailler ? A-t-on les mêmes objectifs ? La même motivation ? Je m’en suis longtemps voulu d’avoir négligé tous ces paramètres, puis j’ai compris que la vie d’entrepreneur, c’est aussi cela : apprendre de ses erreurs et rebondir ! Aujourd’hui, j’en ressors grandie, et c’est avec beaucoup plus de sérénité que je gère mon activité. »

entrepreneurs
Jean-Albert Coopmann

Sarah Nallamoutou, 26 ans, fondatrice « Les fines papilles » en 2023

« Il est important pour moi d’avoir un chiffre d’affaires solide »

« Je pourrais déjà avoir mon show-room et mon laboratoire réunis sur un même lieu grâce à des prêts. Avant cela, il est important pour moi d’avoir un chiffre d’affaires solide. Je sais que 80% des entrepreneurs qui se lancent trop vite périclitent avant 3 ans. Cette vision long-termiste et une gestion financière rigoureuse me guident. J’évolue dans le semi-gastronomique, faire plaisir visuellement est aussi important que gustativement. Lorsque j’obtiens l’effet « waouh » avec mes clients, j’ai tout gagné, je sais que je suis à ma place, c’est pourquoi je compte me donner les moyens d’y rester ! Je fonctionne aussi avec la boutique de gestion Martinique qui m’aide en tant que jeune cheffe d’entreprise. C’est grâce à leur soutien que je représente la Martinique au concours les 101 femmes entrepreneures de France cette année. »

entrepreneurs
Jean-Albert Coopmann

Jonathan Delbois, 26 ans, fondateur de Need Repair en 2018

« Je suis parti de zéro. Au début,  les banques ne me suivaient pas. »

« J’ai réalisé en cours de sociologie de seconde que je voulais échapper à la reproduction sociale. Et créer mon entreprise est devenu une évidence. Need Repair a été le premier de la caraïbe française à réparer les cartes mères Apple et à proposer des prestations comme l’augmentation de gigas. Pour réussir dans l’entrepreneuriat, le plus important est selon moi, sans conteste, la formation, et de manière constante. Ce sont d’ailleurs mes plus belles expériences professionnelles : rencontrer mes pairs dans d’autres pays, perfectionner ma technique à leurs côtés, nouer des relations avec ceux que je suis sur les réseaux et qui m’inspirent. Ces nouvelles certifications sont des gages de confiance pour les clients et concourent au développement de mon entreprise. Mon plus grand soutien dans ce parcours de chef d’entreprise ? Ma détermination. »

entrepreneurs
Mathieu Delmer

Oscar Chaumont, 22 ans, fondateur de Oscar Coaching en 2024

« Le volet administratif est mon principal défi »

« J’ai toujours baigné dans l’univers du sport, mais la création de mon entreprise de coaching ne faisait pas nécessairement partie du tableau. Après un échec en STAPS, je suis retourné en Guyane et j’ai saisi l’opportunité d’une formation BPJEPS lancée par la CTG. Diplôme en main, je me suis lancé comme auto-entrepreneur en 2024 et j’ai commencé à proposer des coachings personnalisés. Mes journées sont assez physiques mais la flexibilité offerte par mon statut est précieuse. Je commence parfois à 6h du matin et finit aux alentours de 20h pour m’adapter aux besoins de mes clients tout en maintenant mon équilibre personnel. Mais au quotidien, c’est l’aspect administratif qui est mon principal défi… Ma compagne, Ilona, et le logiciel Indy m’aident beaucoup pour la gestion des factures, je regrette simplement le manque d’accompagnement de l’URSSAF dans la démarche de création d’entreprise. Grâce au soutien matériel de mon beau-père, j’ai pu démarrer sans trop de difficultés et aujourd’hui je vis confortablement de mon activité, avec un revenu souvent supérieur à celui que j’aurais pu obtenir dans l’Hexagone. »

entrepreneurs
Jean-Albert Coopmann

Nathanaël Philibert, 26 ans, président fondateur de NPH Agency, agence créative de contenus audiovisuels et infographiques, créée en 2020.

« Le travail de recrutement a été particulièrement difficile »

« Être mon propre patron et fonctionner en toute indépendance a toujours été une évidence pour moi. Avant le Covid, je travaillais partout dans le monde en produisant photos et vidéos à la demande, et j’ai dû repenser totalement mon activité et surtout m’adapter. Pourquoi ne pas proposer la même chose, en agence, à destination des Antilles-Guyane ? Je figurais parmi les premiers à être spécialisé dans la création de contenus courts pour les réseaux sociaux. Résultat : la demande a rapidement explosé et il a fallu que je monte une équipe, d’une quinzaine de personnes environ. En tant que start-up, j’avoue que le travail de recrutement a été particulièrement difficile, beaucoup de candidats recherchent un retour sur investissement rapide. Au départ, j’ai recruté plusieurs personnes au profil inadapté et l’entreprise a connu un turn-over important. Aujourd’hui, j’ai compris qu’il fallait avant tout s’attacher sur la personnalité et les valeurs d’un candidat plutôt que sur ses compétences. Un choix qui fait toute la différence. »

entrepreneurs
Jean-Albert Coopmann

Lucinda Negrit, 29 ans, créatrice de l’entreprise Avec Passion, spécialisée dans des prestations artistiques autour de la peinture (fresque murale, tableau personnalisé, belly painting (peinture de grossesse), maquillage artistique) en 2020

« Économiser un loyer et être entourée m’a permis de me concentrer totalement sur mes objectifs »

« Diplômée en Design d’intérieur à l’école des Beaux-Arts de Dijon, je me destinais à travailler comme salariée dans une agence. J’aimais l’idée d’avoir un cadre et de ne rien avoir à gérer. Et puis tout a changé. Un enseignant, via une formation dédiée à l’après-diplôme, nous a sensibilisés à l’entrepreneuriat. Rassurée quant aux rouages des démarches administratives, j’ai pris conscience que seule l’indépendance professionnelle m’offrirait une totale liberté de création. Pour mettre toutes les chances de mon côté, je suis rentrée au péyi où la demande est plus vive. Être logée chez mes parents, économiser un loyer et être entourée m’a permis de me concentrer totalement sur mes objectifs. D’autant que, pour le moment, je ne vis pas encore de mon activité. La famille, surtout aux Antilles, facilite aussi la mise en place de son réseau grâce au bouche-à-oreille. Le soutien de l’entourage est essentiel. »

entrepreneurs
Mathieu Delmer

Ayla Cuimar Pinheiro, 27 ans, fondateur d’Ayla Bijoux, une boutique de bijoux, en 2021

« Il y a déjà tellement de choses à gérer que si l’on ne délègue pas on s’épuise à la tâche »

« Mon rêve, c’était avant tout d’être chanteuse. Mais voilà qu’à 28 ans, je viens tout juste d’inaugurer ma propre boutique ! Si j’ai pu en arriver là, c’est en partie grâce à ma persévérance et ma constance. Le reste, je le dois au soutien crucial de mes proches et de mes mentors. Ils ont autant su me guider dans la culture de mes qualités professionnelles que dans l’ouverture de ma boutique. C’est d’ailleurs grâce à leur présence que je peux insister sur l’importance de ne pas tout faire seul… Lorsqu’on est entrepreneur, il y a déjà tellement de choses à gérer que si l’on ne délègue pas on s’épuise à la tâche. Mais ce n’est pas tout, le lâcher-prise a aussi toute son importance. Je l’ai notamment vécu avec mes fournisseurs. J’avais du mal à leur faire confiance et j’ai dû apprendre à me fier à leur expertise. »

entrepreneurs
Jean-Albert Coopmann

Ritchy Fleriag, 28 ans, fondateur de oCazo, une plateforme en ligne, spécialisée dans la mise en relation entre les réparateurs et centres VHU agréés, pour l’achat de pièces détachées issues de l’économie circulaire, en 2023

« Chacun de nos partenaires joue un rôle crucial »

« J’ai d’abord eu envie de développer des produits technologiques ayant un impact significatif pour le développement des territoires ultra-marins. Une grande partie de mon entreprise repose sur la valorisation des pièces détachées de réemploi, via le digital, ce qui constitue un enjeu crucial pour l’économie automobile locale. Ensuite, pour être opérationnelle, la valorisation des pièces de réemploi nécessite une communication stratégique à plusieurs niveaux, auprès des compagnies d’assurance, des experts automobiles, des centres VHU agréés et des particuliers. Chacun joue un rôle crucial dans notre écosystème. »

entrepreneurs
Lou Denim

Romuald Mugerin, 29 ans, fondateur de MR Sport depuis 2021

« Le manque d’infrastructures pose réellement question »

« Installé jusque-là en Hexagone, la phase Covid a été l’occasion pour moi de développer mon activité en Guadeloupe, suite à la hausse de la demande en matière de prise en charge à domicile. Du fait du manque d’infrastructures, seuls 4 des 10 % des personnes concernées par le handicap reçoivent les soins adaptés. Nous avons la chance d’avoir de magnifiques paysages propices aux soins mais ils sont sous-exploités. On pourrait faire beaucoup plus avec peu de choses mais le manque de relais et la lourdeur administrative compliquent absolument tout. Ce manque d’accompagnement, je le retrouve également chez beaucoup de jeunes qui souhaitent entreprendre mais qui sont isolés et/ou peinent à trouver des organismes et formations adéquats pour les orienter dans leur démarche. »

entrepreneurs
Jean-Albert Coopmann

Kimberly Glanny, 22 ans, fondatrice de SPORTYPLAY qui fournit une expérience sportive amusante, accessible, ludique et immersive sous la forme d’un jeu mobile, en 2023

« La phase de recherche et de développement a pris plus d’un an »

« Inspirée par plusieurs matières, j’ai développé le concept durant mes études en école de commerce. Le faire pendant les études avec l’équipe pédagogique était un tremplin, j’ai développé les premières maquettes après la crise covid et trouvé des développeurs en 2022. Au total, la phase de recherche et de développement a pris plus d’un an. Pour le financement, j’ai d’abord pu compter sur l’aide de mes proches et j’ai ensuite bénéficié d’une subvention de BPI France, puis de la French tech tremplin et j’ai également contracté un micro-crédit ! À ce stade, je ne me donne pas le choix de réussir, j’en ai parlé à trop de monde ! J’ai tellement envie de voir ce projet, cette vision, se réaliser que je donnerais tout pour mon projet, je suis passionnée. »

entrepreneurs
Mathieu Delmer

Yohann Chong-Wa, 24 ans, fondateur de RDP Food qui allie tradition culinaire locale et service haut de gamme, livré directement aux clients, 2024

« Je voulais créer quelque chose d’unique et de significatif en Guyane »

« De l’hôtel Mercure Amazonie à Matignon, j’ai exploré mon rêve sous de multiples facettes avant de lancer mon entreprise. Comme pour ma cuisine, j’ai l’esprit de minutie, j’ai pris mon temps de bien me préparer. Déjà lors du CAP Cuisine, je préparais le business plan du projet qui guiderait ma carrière. Aussi, je dirais que malgré les défis financiers et la complexité des soutiens disponibles, il faut savoir privilégier la patience et la rigueur. Le meilleur moyen de réussir, c’est de ne jamais précipiter les choses, savoir écouter et enfin, agir avec assurance. Concrètement, j’ai aussi eu la chance de compter sur ma famille, qui m’a permis de me concentrer sur la croissance de RDP Food et de sa stratégie digitale, sur Instagram et Snapchat notamment. »

entrepreneurs
Mathieu Delmer

Lorinda Boverod, 29 ans, créatrice du salon de tatouage La Passoire, en 2014

« En tant qu’artiste, les banquiers et les agents immobiliers me font parfois ressentir un manque de légitimité »

« Lassée des conditions de travail en collectif, j’ai lancé mon salon pour apporter une expérience à ma clientèle bien plus en adéquation avec mes valeurs. Prendre mon indépendance m’a ouvert les portes vers une certaine liberté financière et une meilleure gestion de mon temps, mais pas sans prix. En tant qu’artiste, je me retrouve confrontée à de nombreux défis, tels que les charges élevées ou encore le manque de légitimité que peuvent parfois me faire ressentir les banquiers, les agents immobiliers… Au quotidien, en tant que chef d’entreprise, je réussis car je ne suis pas seule, j’ai le soutien de Pauline, mon assistante, de mon conjoint ou encore de mes parents. Et puis j’exerce un métier exceptionnel où chaque personne que je reçois dans mon salon décide de me confier sa peau et ce, pour le restant de sa vie. Tout autant que lorsque je les tatoue, je laisse une partie de moi s’en aller avec eux. »

Lou Denim

Chelssy Tacita, 29 ans, fondatrice de La Kaz à Accras, créée en 2018

« Je me suis lancée avec mes propres moyens pour, entre autres, échapper à la lourdeur administrative ! »

« Je me destinais à une carrière dans la fonction publique. Née en France, j’ai décidé de m’installer en Guadeloupe en 2017 et l’année d’après je créais ma société. J’ai d’abord débuté dans un garage, avant d’acquérir un local. Partir de rien pour créer sa société, ce n’est pas donné à tout le monde, j’en ai bien conscience. D’autant que le Covid est passé par là. Mais si c’était à refaire, je le referai 100 fois. Entreprendre dans ces conditions demande beaucoup de rigueur et de discipline. Il faut aussi savoir suivre son intuition. Le soutien de ma famille a joué un rôle crucial dans cette aventure. Vivre de ma passion et lire la satisfaction sur le visage de mes clients n’a pas de prix. »

entrepreneurs
Lou Denim

Meguy Minatchy, 26 ans, fondatrice de Cocofiber, créé en 2022

« Il y a beaucoup d’aides dédiées aux jeunes »

« Il existe des aides qu’on ne connaît pas toujours. Il est important de savoir que la contrainte de l’apport financier au départ n’est pas systématique. L’expérience de l’entrepreneuriat a été très fluide pour moi. J’ai eu la chance de participer au Salon de l’agriculture 2023 et de rencontrer le Président de la République pour lui exposer mon projet. J’ai pu bénéficier du dispositif Femmes Entrepreneuses d’Orange et j’ai aussi été lauréate du concours Agreen Start-up 2023. Cocofiber c’est un hommage rendu à mes grands-parents qui étaient des acteurs dans la filière de la noix de coco, mais aussi un projet pour nos générations futures. Quand on veut, on peut. »

entrepreneurs

Taylor Zopie, 25 ans, fondateur de SHYNE, une entreprise de photographie et vidéo, en 2020

« J’aime l’idée de gérer mon emploi du temps et mes revenus, tout en faisant ce qui me passionne »

« J’ai toujours aspiré à une vie sans barrière. Lassé du salariat, j’ai donc décidé de créer ma structure pour vivre selon mes propres règles. Toutefois, mon parcours m’a appris deux choses… La première c’est l’importance cruciale de l’adaptabilité financière, car on ne se rend pas compte à quel point les charges et les impôts impactent notre vie. La seconde, ça a été de trouver un équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Le tout en apprivoisant les réalités de la pression du résultat et de la vie d’entreprise. Mais malgré tout, il est primordial de s’écouter, de ne pas se laisser obnubiler par les chiffres et rester humain quoi qu’il en soit. C’est pourquoi j’ai pris la décision en 2023, de déléguer en faisant appel à une équipe compétente et pluridisciplinaire. »

entrepreneurs
Jean-Albert Coopmann

Fabien Felixine, 24 ans, fondateur de Jobbiz Intérim, agence d’intérim digital, fin 2019

« On m’a dit “ça ne sert à rien”»

« Dès le début, je me suis heurté aux idées reçues sur la création d’entreprise. Quand j’ai dit que je voulais monter une agence d’intérim, on m’a dit “ça ne sert à rien”. De fait, monter une entreprise pour la première fois c’est de toute façon complexe parce que c’est nouveau. Il faut juste prendre du temps. Il m’a fallu obtenir les autorisations propres à une agence d’intérim et également développer l’aspect informatique en local. Souvent, les logiciels proposés en France ne répondent pas à tous les besoins de nos territoires et il n’y a pas toujours l’écoute nécessaire pour apporter les améliorations souhaitées. Dans l’informatique, ça coûte toujours plus cher de faire soi-même. C’est un investissement sur le long terme et aujourd’hui, le résultat est là, nous sommes les seuls à proposer une solution comme celle-ci dans les outremers. »

entrepreneurs
Mathieu Delmer

Mallaury Everaert, 23 ans, directrice de Beauté du Monde Institut depuis 2020

« J’ignorais tout des aides disponibles sur le territoire »

« Chaque matin, je suis impatiente de retrouver mes clientes et de faire ce qui me passionne réellement. Influencée par ma mère entrepreneure, je suis revenue en Guyane pour créer mon institut tout en poursuivant un BTS NDRC. J’ignorais tout des aides disponibles sur le territoire donc j’ai dû financer mon projet avec mes économies et le soutien de mes parents. Et grâce à mes investissements dans la communication : shootings photos, flyers, partenariats, participation à des événements… Beauté du Monde Institut a une visibilité locale considérable. Aujourd’hui, je peux vivre confortablement de mon activité et j’envisage même de passer en société. Je vous conseille une chose : croyez en vos rêves. »

entrepreneurs
Jean-Albert Coopmann

Edouard De Reynal, 28 ans, créateur de Happy Fruits en 2021

« Chaque fois que je fais goûter mon produit, les gens sont fans. »

« Tout a commencé en Inde où j’ai été bloqué par le confinement. J’ai vu des indiens faire des fruits séchés, je ne sais pas ce qui s’est passé, mais je n’ai fait que penser à ça (rire). J’ai conçu là-bas mes premiers échantillons. Une fois passée la phase euphorique, les choses sérieuses ont commencé : réunir 300 000 euros pour l’achat des machines, trouver un local et réussir à stabiliser le processus de production. C’est un cercle vicieux : sans argent on ne peut pas employer, mais sans employé on ne peut pas produire et sans produire il n’y a pas d’argent. Le plus dur, c’est de s’arrêter pour prendre du recul et trouver une solution. Mais il y en a toujours une ! Aujourd’hui, j’ai la chance de compter au quotidien sur mon mentor, Octave de Jaham, on produit 1 000 sachets par semaine, et à chaque fois que je fais goûter mon produit, les gens sont fans. C’est naturel, local et sans sucre et c’est vraiment ce que je voulais faire. » 

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Mathieu Delmer

Christophe Fernand, 20 ans, fondateur de l’association événementielle BaHandFoot (basket-ball, handball et football), dont la première édition a attiré 1 500 visiteurs en 2023

« On doit pouvoir anticiper les délais des réponses aux subventions, qui souvent prennent beaucoup de temps »

« Contrairement aux idées reçues, fonder une association n’est pas plus facile que monter une entreprise. Par exemple, bien qu’il n’y ait pas de salariés, de charges sociales et un régime relativement libre, une association fonctionne comme une véritable entreprise. Je le ressens particulièrement lorsque je fais appel aux subventions territoriales pour mener à bien mon projet. J’ai eu de la chance d’avoir une expérience dans l’administratif étant plus jeune, mais il est toujours important d’avoir une logistique bien planifiée afin d’anticiper les délais des réponses aux subventions, qui souvent prennent beaucoup de temps. »

entrepreneurs
Mathieu Delmer

Carter Bossé, 23 ans, fondateur de Cartounet, entreprise de photographie et de direction artistique, en 2022

« J’avais souvent tendance à vouloir trop bien faire »

« Ce que je retiens de mon quotidien d’entrepreneur, c’est avant tout l’effort que demande le succès. En tant que photographe, très peu de personnes se rendent compte de l’organisation, de la rigueur et des responsabilités qui m’incombent, entre l’achat de matériel de qualité, la sélection de prestataires compétents et surtout la mise en avant de mon travail. Aussi, j’ai souvent eu tendance à vouloir trop bien faire, jusqu’à en oublier de me lancer concrètement ! Au final, je n’ai jamais laissé la peur freiner mes ambitions et ma passion m’a permis de travailler auprès de célèbres réalisateurs tels que Cédric Simoneau et Chris Macari, comme de couvrir des événements incroyables comme le Bercy de Gazo, accompagné de Kalash en 2023. »

entrepreneurs
Lou Denim

Amanda Deby, 29 ans, fondatrice de l’agence immobilière Ama Immo basée à Anse-Bertrand spécialisée dans la transaction immobilière/location saisonnière/commercialisation, créée en 2022

« J’ai dû surmonter les préjugés liés à mon âge »

« Après un BTS Tourisme, j’ai démarré dans la vie professionnelle en tant qu’agent d’escale dans une compagnie aérienne locale. Avoir des responsabilités et être en contact avec les gens me plaisaient énormément. Malheureusement, la crise sanitaire a stoppé cet élan. De nature active et entreprenante, je ne pouvais pas rester sans activité et j’ai repris mes études. Après un BTS Immobilier, j’ai pris le soin d’effectuer un stage au sein d’une agence bien établie. J’ai ensuite rapidement décidé de créer ma propre agence immobilière, spécialisée dans la transaction, mon domaine de prédilection. L’étape la plus sous-estimée a été de devoir surmonter les préjugés liés à mon âge. Les acteurs sont souvent réticents à accorder leur confiance à de jeunes entrepreneurs, craignant un manque de crédibilité. Autre problématique : se verser un salaire. Aujourd’hui, je ne dirai pas que je vis financièrement de mon activité. Mais j’organise mes besoins en fonction de mes ressources, je m’adapte. »

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Jean-Albert Coopmann

Valentin Lacroix, 27 ans, président fondateur de Emerwall, entreprise spécialisée dans la fabrication de matériaux isolants thermiques et acoustiques écoresponsables, créée en 2021

« Le nerf de la guerre, c’est la trésorerie »

« Conscient des enjeux climatiques et environnementaux, j’ai envisagé très tôt un retour constructif en Martinique. Mais pour réussir dans l’univers industriel, il faut s’armer de patience, beaucoup travailler et surtout bien s’entourer. Avec mes trois partenaires, ingénieurs comme moi (Louis Frigaux, développement industriel et production ; Ezz el dine Amir-Taha, administratif et financier et Quentin Godinot, responsable technique), nous avons pu lancer notre projet, non sans mal. Nous sommes tous très jeunes et nous apprenons tous les jours le métier d’entrepreneur ! À mes yeux, le nerf de la guerre, c’est la trésorerie. Un mauvais choix peut générer de lourdes répercussions et c’est toute l’équipe qui en pâtit. Il faut apprendre à ne pas dépenser trop vite et à trouver des solutions pour économiser le plus possible. L’autre difficulté majeure, est de parvenir à trouver un équilibre vie professionnelle/vie personnelle. Compliqué lorsque l’on est un entrepreneur passionné. Mais c’est important de prendre du temps pour soi et sa famille. C’est même, à terme, bénéfique à toute l’équipe et à l’entreprise ».