Grâce à Vigile Hoareau, Crowdaa a déjà permis de créer 50 plateformes aux quatre coins du monde. L’idée est simple : permettre aux non-développeurs d’obtenir leur application et de la gérer seuls, grâce à une interface facile et qualitative.

Par Lola Fourmy – Photos Ophélie Vinot / Hans Lucas

« Imaginez Tatie Jacqueline… Elle a créé sa petite entreprise et a besoin d’annoncer ses événements chaque semaine pour informer sa communauté, mais elle n’a aucune compétence en codage. Eh bien c’est pour ça que Crowdaa est là. » Voilà comment Vigile Hoareau présente sa start-up. L’exemple est clair, la cible définie, l’objectif affiché : démocratiser la possibilité pour des non-développeurs d’avoir leur propre application mobile. Celle-ci est obtenue dans des délais très courts – quelques jours – et pour un budget réduit. Ses tarifs, avec un premier palier à 250 euros par mois pour 2 000 utilisateurs et 60 000 euros par an pour le palier le plus haut, la positionne favorablement sur le marché. Car le coût moyen pour le développement d’une application dédiée à une entreprise s’élève habituellement autour de 120 000 euros.

Autre plus-value, les utilisateurs, y compris les profanes de l’informatique, peuvent l’alimenter entièrement seuls. Grâce à un système de templates, le client peut rédiger son contenu, envoyer des pushs ou modérer les commentaires reçus. Il est même possible d’y intégrer des playlists ou des replays vidéo. « C’est du no code, mais pas gadget », détaille Vigile Hoareau. Un Wix ou WordPress version application ? La comparaison ne lui déplaît pas. « C’est un retour au blogging, une application communautaire où on est loin des haters des réseaux sociaux et utilisable facilement. » Et ça marche : de 13 plateformes créées en un an par trois employés, l’entreprise compte désormais une quarantaine de clients, 50 produits et une équipe de 13 personnes. L’éventail de la clientèle est large : des personnalités politiques en campagne comme Ericka Bareigts ou l’Américaine Ronda Kennedy, des experts- comptables de Bretagne, des associations, le groupe Lafarge ou encore Baseball TV. « Crowdaa, c’est une plateforme comme un super développeur, c’est-à-dire que nous, on branche tout, mais après, tout est à toi », détaille le patron de l’entreprise.

Crowdaa, la plateforme d'applis clé en main

Levée de fonds d’un million d’euros

Il y a comme un air de success-story dans la start-up de Vigile Hoareau. Déjà primée en 2021 au concours Innovation Outre-mer, elle vient de réussir une levée de fonds d’un million d’euros avec Apicap, Tremplin Capital et Bpifrance. Preuve que l’idée séduit et convainc. Pourtant, Crowdaa a dû se réorienter pour trouver sa voie.

En 2016, Vigile Hoareau, entrepreneur réunionnais et docteur en psychologie cognitive, est déjà lancé dans le business depuis plusieurs années. Il utilise alors l’objet de sa thèse – l’intelligence artificielle – pour créer Semdee, une technologie qui vend alors de l’analyse sémantique. Mais il rêve d’autre chose et revient à ses premières amours : la musique. Amateur de maloya depuis son plus jeune âge, MC et rappeur, il ne cesse jamais de suivre ce qui se crée et se compose sur son île natale. C’est en studio, en échangeant avec ses amis musiciens, que le concept de Crowdaa lui apparaît. Il code alors pendant plus d’un an, seul, pour créer une technologie d’abord dédiée aux artistes. Crowdaa s’adresse à eux pour gérer le marketing, l’écoute des titres, et la communication avec leurs fans.

Soucieux du bien-fondé de sa démarche, c’est lors d’un voyage à Los Angeles que tout se concrétise quand il rencontre le co-fondateur de la start-up : James Thomas. « Notre première intention était de fournir aux artistes un Spotify designé, mais on s’est heurtés à pas mal de sujets et on a décidé de faire un pivot en 2018. » Le déclic est là : il faut ouvrir Crowdaa, beaucoup plus largement, à tous les créateurs de contenus pour développer la capacité de publier. C’est l’envol de la start-up. Mais Vigile Hoareau ne limite pas ici ses ambitions, nouvel objectif : que Crowdaa attire les foules, la start-up vise les 400 clients dans les prochaines années.


Retrouvez cet article dans le hors-série Outre-mer Innovation.